Le problème n’est pas nouveau, j’en conviens mais l’augmentation des passages à l’acte nécessite que l’on y porte une attention particulière, au moins par respect pour des femmes, des hommes qui, chaque jour assurent notre sécurité dans des conditions plus que précaires et souvent dangereuses.
Le suicide parmi les forces de l’ordre a toujours été un sujet tabou, souvent occulté, mais depuis quelque temps, les réseaux sociaux ont permis de contourner cette omerta hiérarchique et de lever le voile sur la complexité de la situation amenant au passage à l’acte. Toutefois, force est de constater qu’il est difficile de savoir où se situe la frontière entre la raison personnelle ou professionnelle.
Personnellement, et afin de tenter de comprendre les raisons poussant ces fonctionnaires à cette extrémité, j’aurais tendance à diviser ces dernières en trois catégories.
La première est malheureusement celle qui peut concerner toute personne, policière ou autre, se trouvant à une période de sa vie dans une situation dont elle ne voit pas l’issue alors que son état psychologique est au plus bas.
La seconde, comme dans d’autres corps de métiers, est liée aux conditions de travail. Dans le cas des forces de l’ordre, il s’agit d’une conjonction entre l’absence de moyens matériels ou leur vétusté ( exemple dans l’article Le Berry ), le sous effectifs récurrent en personnel, le manque de reconnaissance du public comme de la hiérarchie et de l’accroissement de la dangerosité des interventions ( voir l’article d’Europe 1).
Enfin, la troisième catégorie est plus difficile à appréhender. En effet, il s’agit souvent d’un mélange des deux premières. Des raisons d’ordre personnel ou familial à laquelle s’ajoutent des raisons professionnelles. Et c’est souvent les secondes qui fragilisent énormément les personnels concernés et les amènent à l’ultime extrémité.
Arrive alors le moment de trancher sur les responsabilités.
Est-ce le chef de service, ou la hiérarchie qui n’ont pas suffisamment pris en compte les problèmes humains?
Est-ce l’administration, la responsable pour le manque de moyen ou le laxisme judiciaire pour le manque de respect des usagers ?
Les réponses ne sont toujours pas en vue, lorsque l’on voit certains chefs de service, faire le minimum " dit syndical" afin de se protéger administrativement et, lorsqu'ils sont mis en cause dans des lettres laissées par les personnels avant leur suicide, non seulement ne sont pas sanctionnés, mais ont une promotion une fois le calme revenu. Il en est de même pour l’administration lorsque l'on voit qu'il faut attendre 3 ans pour qu’un rapporteur public demande au tribunal de reconnaître le suicide d’une fonctionnaire en accident de service (comme le relate l’article de Nice Matin).
Dans tous les cas, c’est environ 50 suicides, rien que dans la Police, en moyenne par an. 50 familles détruites alors que la plupart de ces drames pourraient être évités. Et ce n’est pas simplement un passage chez le psychologue de la Police pour les proches après un drame qui suffira.
C’est en amont que le problème doit être appréhendé.
Si effectivement la prise en compte du coté psychologique doit être améliorée au sein de la police, il est impératif également de donner aux policiers les moyens nécessaires (effectifs et matériels) afin qu’ils puissent travailler dans de bonnes conditions au service de la population, mais surtout redonnons leur la confiance en mettant à plat les lois et décrets instaurant le laxisme vis-à-vis des délinquants qui engendrent pour les policiers un sentiment de travail inutile et pour les délinquants d’impunité.
Ce n'est que l'ensemble de ces mesures prises conjointement qui permettront de trouver une solution qui limitera le nombre de ces drames.
Michel COLAS
Secrétaire départemental de l'Hérault