Une immense vague de tristesse et de nostalgie inonde nos cœurs en ce 26 septembre : Jacques Chirac, cet infatigable géant, le plus français d’entre nous, nous a quittés.
Rendons un vibrant hommage à un homme d’exception qui a dirigé la France pendant 12 ans avec un amour jamais démenti pour son pays et surtout pour les français. C’est d’ailleurs cette communion avec ses compatriotes qui lui apporta sa plus belle victoire lors de l’élection présidentielle de 1995 quand, raillé par les élites médiatiques et abandonné par beaucoup des siens, il sut chercher au fond des campagnes françaises l’énergie qui devait lui permettre cette remontée spectaculaire et le triomphe final.
Toute sa vie, Jacques Chirac a éprouvé les cœurs et sondé les reins des français pour comprendre leurs aspirations et améliorer leurs vies. Toute sa vie, il se sera montré simple, joyeux, exubérant, gouailleur, finalement si français avec ses immenses qualités et ses indéniables défauts qui, le temps aidant, sont désormais observés avec une tendresse infinie.
Jacques Chirac, ce sont 40 années de vie politique qui commencèrent tambour battant quand, jeune secrétaire d’Etat du général de Gaulle, il alla négocier les accords de Grenelle – armé selon la légende, on ne plaisantait pas avec les communistes à cette époque. Fondateur du RPR, ce parti dont la philosophie généreuse manque cruellement à la France actuelle, il conquit la mairie de Paris et embellit considérablement notre capitale pendant ses mandats. A l’occasion des élections européennes de 1979, Jacques Chirac lançait l’appel de Cochin, vibrant plaidoyer pour une Europe des nations et dont les conclusions demeurent tristement d’actualité. Après deux cohabitions difficiles, le tempérament de ce conquérant s’accommodant mal de l’autorité d’un président, il l’emporta enfin et sa victoire marquait le retour d’un gaulliste à l’Elysée.
Retenons de ses deux mandats la magnifique opposition à la guerre en Irak, magnifique à la fois sur le fond – jamais la France n’est aussi grande que quand, gardienne de valeurs intangibles héritées des Grecs, des Romains, du christianisme et des Lumières, elle est le phare guidant l’humanité – et sur la forme – quel français ne s’est pas senti fier en entendant les applaudissements dans l’enceinte de l’ONU ? Retenons cette habile diplomatie qui reposait beaucoup d’ailleurs sur le charisme même de Jacques Chirac, sur sa capacité à créer des complicités avec les autres grands de ce monde. Souvenons-nous du respect mutuel voire de l’amitié que le grand homme avait su entretenir avec B. Clinton, B. Elstine, V. Poutine, R. Reagan G. Schroeder, Jean-Paul II… Gageons d’ailleurs que la liste des chefs d’Etats et anciens chefs d’Etats qui assisteront à la messe d’enterrement sera particulièrement fournie. Rarement la France n’a été aussi respectée sur la scène internationale que pendant les 12 années de mandat Chirac. Retenons sa posture visionnaire sur l’environnement et ce discours bouleversant qui a marqué toute une génération, « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Retenons ce moment incroyable de panache quand, visitant la vieille ville de Jérusalem, il repoussait le service d’ordre pour être au plus proche des populations puis exigeait le départ des soldats israéliens de l’Eglise Saint-Anne, domaine français, d’un chevaleresque « je ne veux pas d’hommes en armes sur le territoire français, j’attends ». Ou encore quand il retardait une finale de coupe de France de football car la Marseillaise avait été sifflée.
Mais au-delà de ces nombreux succès, gardons en mémoire une époque où le président de la République avait le souci d’unifier les français alors que certains de ses prédécesseurs n’ont eu de cesse de diviser le pays pour mieux régner. Toute une génération née à la fin des années 80, une génération Chirac, aura passé sa jeunesse avec une figure tutélaire et respectée à l’Elysée. Les plus jeunes ne peuvent malheureusement en dire autant.
Enfin souvenons-nous de temps où les débats politiques étaient certes virils mais où la parole n’était pas si corsetée par les réseaux sociaux ou un politiquement correct insupportable, ce dont témoignent les multiples gauloiseries que Jacques Chirac proférait sans que personne ne s’en offusque et qui tournent en boucle pour le plus grand bonheur de nos compatriotes.
Alexis Villepelet
Délégué National Debout la France au Projet