Le raidissement russe vis-à-vis de l’Ukraine était fatal et l’Ouest le savait parfaitement. Liée à la Russie depuis plus de trois siècles, berceau de toutes les Russies et pièce maîtresse de la future Union eurasiatique voulue par Vladimir Poutine, l’Ukraine revêt aux yeux de Moscou une importance symbolique et géopolitique parfaitement légitime.
C’est un enjeu non-négociable pour une Russie, faut-il le rappeler, qui a renoncé unilatéralement et pacifiquement à son bloc est-européen et a même accepté l’occidentalisation des pays baltes, pourtant sous son influence depuis le XIXème siècle. C’est pourquoi la lutte d’influence que les Etats-Unis et l’Union européenne ont engagé avec la Russie en Ukraine est totalement irresponsable : elle attise de faux-espoirs au sein d’un pays déchiré entre des aspirations profondément contraires, aux mœurs démocratiques embryonnaires et traversé de courants radicaux violemment opposés.
Le soutien ostensible délivré par Bruxelles aux nouvelles autorités de Kiev issues de la rue et qui ont annoncé l’interdiction du russe comme seconde langue officielle du pays, comme la rencontre de Catherine Ashton avec les chefs de l’extrême droite locale, résument à eux seuls l’aventurisme et les contradictions intenables de la politique occidentale. Afin d'éviter, si c’est encore possible, la partition du pays, la France doit d’urgence reprendre sa liberté et infléchir sa ligne diplomatique pour apporter son concours à la résolution de la crise : c’est à un accord global avec la Russie, débouchant sur des élections incontestables sous l’égide de l’OSCE, qu’il faut parvenir.
A cet égard, les menaces de boycott ou de gel des avoirs russes ne pourront qu’envenimer les tensions et renforcer une impasse que l’Ouest ne pourra pas solutionner par l’intimidation et encore moins par la force. Il est temps d’en finir avec l’escalade et de revenir à la raison !
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la République