Désormais les policiers conserveront leur arme de service même en dehors de ce cadre.
Nous ne pouvons que faire confiance à ces personnels exemplaires et courageux. Espérons que le fait de porter cette arme en dehors du service – ce qui n’aurait pas sauvé le policier attaqué par surprise alors qu’il rentrait à son domicile – n’aura pas de conséquences fâcheuses par la suite. Posséder une arme approvisionnée dans un entourage familial où il y a des enfants et des adolescents est un danger qu’il ne faut pas ignorer ou même sous-estimer. Les enfants sont fouineurs et joueurs, les adolescents parfois bien fragiles psychologiquement. Lors d’un grave conflit conjugal le fait d’avoir une arme à sa disposition peut aboutir à un usage regrettable. Autant de situations qui, un jour ou l’autre, se présenteront.
Mais cela correspond à une de leurs demandes maintes fois répétée. Je leur fais confiance pour avoir réfléchi à tout ceci.
Par contre, ce qui est critiquable c’est la façon dont la décision a été prise par le gouvernement : une fois encore sous le coup de l’émotion. Combien de décisions lourdes de conséquences ont été prises dans la précipitation, en dehors de toute réflexion, sans qu’une méthode d’appréciation de situation et de prise de décision n’ait été appliquée préalablement, dans la sérénité. Depuis 1995 et la mise en place du plan Vigipirate, combien de soldats, de marins et d’aviateurs, hommes du rang et gradés, ont arpenté un de gare, patrouillé dans un port ou dans les couloirs d’un aéroport. Cela a-t-il évité d’autres attentats ? Non. Cela a seulement réduit la petite délinquance. Faible bilan. Depuis 2015 nous voici avec le dispositif Sentinelle. Nouvelle ligne Maginot qui a été contournée déjà à plusieurs reprises. La France est en état d’Urgence, lui aussi prolongé. Cela n’a empêché ni les rassemblements de « nuit debout », ni les manifestations, ni les attaques de casseurs, ni les bagarres de hooligans, ni l’assassinat lâche de deux policiers.
Ces différentes décisions, prises dans l’urgence, sous le coup de l’émotion, combien de temps vont-elles encore être appliquées ? Qui supprimera l’état d’Urgence, Sentinelle et ce vieux plan Vigipirate ? Le Premier ministre nous annonce qu’il y aura d’autres attentats. Alors, les maintenir ? Pour rassurer les Français ?
Il y faudra du courage, mais il faudra remettre à plat ces différents dispositifs et raisonner clairement et sainement sur leur maintien ou leur suppression.
Toute décision grave, importante, dans tous les domaines, devrait avoir été réfléchie et prise ou adoptée après que les conséquences aient été correctement évaluées et après avoir défini les conditions de leur retrait ou de leur suppression. L’émotion est humaine. Elle est parfois belle. Elle permet à l’occasion de rassembler un peuple, un instant, mais un instant seulement. Elle n’est pas un mode de gouvernement.