La réaction de François Morvan, vice-président de DLR et ancien président du mouvement Chevènementiste Vive la République, à l’annonce de la candidature de Jean-Pierre Chevènement destinée à "ramener la gauche à la hauteur des défis qui sont devant elle".
La candidature de Jean-Pierre Chevènement
TOUT ÇA POUR ÇA ?
Avec, en leur temps, Charles Pasqua et Philippe Seguin, et aussi Philippe De Villiers, Jean-Pierre Chevènement a ouvert un chemin. Il a été le visionnaire qui a prédit dans quelle impasse nous conduirait l’aventure du passage de l’Euro de monnaie commune à une monnaie unique, toute entière dédiée aux intérêts de la finance mondialisée et des grands groupes délocalisateurs. Il a prédit comment le renoncement à la France au profit de l’utopie de l’Europe fédérale ne déboucherait que sur le néant. Il a tenté de faire sortir la gauche de ses impasses à la fois gauchistes et néo-libérales. Il reste une voix qui compte pour toutes celles et ceux qui n’ont d’autre souci que l’intérêt général, celui de la France , celui du monde du travail, , salariés, artisans, agriculteurs, chefs d’entreprise, qui se battent pour notre avenir.
En 2002, où je l’ai suivi avec enthousiasme comme tant d’autres, faute aussi de s’en donner tous les moyens, il a échoué a “faire bouger les lignes” d’une gauche enfermé dans ses chimères et ses mensonges. En 2007, son soutien à Ségolène Royal ne pouvait pas donner plus de résultats.
Il nous annonce à nouveau sa candidature. Mais dans quel but ? A l’heure où la situation est si grave, peut-on encore penser qu’il existe encore dans le système UMP-PS des moyens de peser pour le faire évoluer ? Homme de fidélité, Jean-Pierre Chevènement l’est aussi à son erreur : croire que la gauche, le Parti socialiste en premier lieu, soit réformable. De François Hollande, qui a proclamé à l’avance que sa ligne serait de défendre la “rigueur” comme valeur “de gauche” , il pense que c’est “un homme intelligent”, ce dont personne ne saurait douter, et qu’on “peut l’aider à se mettre à la hauteur.” Mais François Hollande l’est déjà, si l’on peut dire ! Sa ligne anti-Sarkozy ne remet en cause aucun des fondamentaux de la ligne libérale, eurobéate, qui anime le parti socialiste depuis trente ans. Son seul pari est que les français vont préférer un “homme normal” au président bling-bling. Voilà donc à quoi la voix de Jean-Pierre Chevènement devrait se résigner : influer -un peu – sur un des candidats du système ?
Un tel objectif est totalement en deçà de ce qu’attends notre pays. Nicolas Dupont-Aignan a donné sa réponse : ce n’est que par l’indépendance politique, par un appel au peuple contre ce système et en dehors de lui que l’on peut inverser le cours des choses. La France attend cette réponse, débarrassée de l’hypothèque de l’extrémisme et du simplisme qui pèse sur Marine Le Pen. C’est la voix de l’ambition et du courage, et on ne peut la suivre en disant aux français qu’on a soi-même décidé de se rogner les ailes.
François MORVAN
Vice-président de Debout La République