“Christine Renon
Directrice épuisée”
C’est ainsi que la directrice de l’école maternelle de Pantin ponctuait sa lettre le 21 septembre 2019 avant de se donner la mort. Cet événement ne peut laisser personne indifférent et nous devons nous interroger sur les raisons qui sont à l’origine d’un tel drame.
Ces raisons apparaissent clairement dans le courrier de Christine Renon et tous les enseignants savent combien son témoignage est juste et pertinent.
Christine Renon le dit elle-même : «en rien l’école n’est responsable, ses collègues et elle même faisaient de leur mieux pour la sécurité des élèves».
Mais elle évoque aussi la difficulté d’être directeur d’école aujourd’hui. Les sollicitations sont multiples, l’administration leur en demande toujours plus, et surtout les directeurs se sentent seuls.
Le problème du directeur d’école aujourd’hui rappelle celui des policiers. Comme eux ils croulent sous des charges administratives (par exemple les livrets d’évaluation ou la gestion des conseils de maîtres de cycles) et sous des procédures à l’utilité discutable.
Pour surmonter l’immense malaise des personnels, il faudra bien sûr des moyens (décharges de classe pour tous les directeurs, y-compris les petites écoles et création de postes stables d’assistants administratifs, protection contre les intrusions violentes dans les quartiers sensibles), mais il faudra surtout un changement radical des objectifs de l’Education Nationale afin qu’elle privilégie l’apprentissage plutôt que la «culture de l’évaluation».
Enfin, il est temps que les enseignants et les directeurs d’école soient protégés et considérés par leur hiérarchie, ce qui nécessite une véritable volonté politique.
Stéphane Berton
Ancien directeur d’école
Marc Chapuis
Délégué national à l’Instruction Publique