Ceux qui ont eu la chance d’assister samedi à Marseille à la conférence donnée par Stéphanie Gibaud, numéro deux sur la liste de Nicolas Dupont-Aignan aux récentes élections européennes, sur « la traque des lanceurs d’alerte » ont été séduits par cette jeune femme qui a dénoncé haut et fort les magouilles de la banque UBS au sein de laquelle elle travaillait. Grâce à elle, le tribunal correctionnel de Paris a pu condamner début 2019 cette banque suisse à une amende de 4,5 milliards d’euros pour « démarchage bancaire illicite » et « blanchiment aggravé de fraude fiscale ». Le mouvement Debout La France est venu en force soutenir Stéphanie Gibaud, avec Gérard Curnier, Secrétaire Départemental des Bouches du Rhône, Alain Latour et Michel Papazian, Secrétaires Départementaux Adjoints et Véronique Seguin Délégué de la 10ème Circonscription, ainsi que José D’Arrigo, Délégué de la sixième Circonscription des Bouches du Rhône.
Stéphanie s’est élevée avec succès contre la corruption généralisée et la puissance phénoménale de ces « banques systémiques » dont les Etats sont devenus des vassaux obéissants. Aux Etats-Unis, où le fisc sait rémunérer ceux qui lui font gagner de l’argent, elle n’aurait eu aucun souci à se faire pour son avenir puisqu’elle aurait encaissé une prime de dix pour cent des sommes qu’elle a permis à l’Etat de récupérer, soit la bagatelle de…0,45 milliard d’euros, un montant d’une telle ampleur que je suis incapable de vous préciser exactement s’il équivaut à 45 millions d’euros ou à 450 millions…
Rien de tel en France où les précieuses informations distillées par Stéphanie Gibaud ont été payées d’une éclatante ingratitude : pas un centime. Tintin. Nada. Non seulement elle n’a rien obtenu, mais elle a été socialement broyée par la connivence occulte entre l’Etat et les banques. Elle a été harcelée, acculée à la démission, traitée en paria, en réprouvée, en pestiférée. Elle en est à son huitième procès en justice…pour avoir crié haut et fort la vérité sur les magouilles bancaires d’UBS.
Elle élève seule désormais ses deux enfants dans des conditions précaires et a dû vendre son appartement à Paris, faute de salaires. Plus aucun employeur ne veut de Stéphanie Gibaud, dont le CV est pourtant très flatteur. Elle fait des conférences partout en France mais ses propos sont filtrés ou occultés par l’éteignoir médiatique. Tel est le destin tragique des lanceurs d’alerte dans le pays des droits de l’homme et du citoyen en 2019. Grâce au lieutenant-colonel Constantin Lianos, président de l’association nationale des anciens combattants de la Légion Etrangère, Stéphanie Gibaud a pu s’exprimer totalement et librement durant deux heures devant deux cents convives ébahis, sidérés, parce ce qu’ils entendaient, ce qu’ils apprenaient, ce qu’ils subodoraient…
Comment cette jeune femme spécialiste des relations publiques qui s’est évertuée à organiser des événements destinés aux riches clients d’UBS et à ceux qui avaient les moyens de le devenir a-t-elle pu sombrer ainsi en pleine dépression ? Comment cette professionnelle du marketing, opérant avec succès à Roland Garros, a-t-elle pu, à son insu, favoriser l’évasion fiscale des grandes fortunes du pays en organisant des soirées sur mesure pour ces cols suisses voulant paraître plus blancs que blancs. C’est le récit d’une trajectoire infernale. Brutalement, Stéphanie Gibaud est devenue « persona non grata » : elle a été isolée, placardisée, dégradée. On l’a soudain chargée de l’encadrement des hôtesses d’accueil, de la décoration florale et de l’achat du matériel de cuisine. Ses archives informatiques ont mystérieusement disparu de ses fichiers. On a « nettoyé » son ordinateur. Stéphanie, trop droite et intègre pour devenir un « agent double » au service du fisc français, a sombré corps et biens.
Mais elle ne s’avoue pas vaincue. Dans ses deux livres « La femme qui en savait trop » et « la traque des lanceurs d’alerte » elle fait le récit détaillé de son incroyable descente aux enfers. Elle découvre que le siège d’UBS en Suisse est un « aspirateur à cash ». On lui fait comprendre qu’elle pourrait quitter la banque avec un gros chèque. Elle refuse. Alors on va la déposséder de ses fonctions pour l’amener à démissionner. On va la « déshumaniser », la traiter comme un vague courant d’air. Berner, cacher, occulter, dissimuler, inventer, duper, abuser, flouer, leurrer, mentir : « la direction d’UBS prend vraiment ses collaborateurs pour des pigeons », écrit sans ambages Stéphanie Gibaud.
Il y a ceux qui connaissent les combines financières et préfèrent s’en accommoder, ceux qui connaissent les combines et ferment les yeux, ceux qui connaissent les combines et ne veulent pas les cautionner. Ceux-là subissent brimade sur brimade jusqu’à épuisement psychologique et destruction mentale… L’objectif de la banque, fait observer Stéphanie Gibaud, n’est pas de franchir la ligne jaune, mais, plus subtilement, de ne pas être prise en flagrant délit d’illégalité. Autrement dit, il suffit que la surface financière de ces établissements soit très importante pour que les Etats, confrontés à leurs dévoiements, ferment les yeux à leur tour.
« Lanceur d’alerte un jour, pestiféré pour toujours », écrit Stéphanie. Les employés de la banque qui refusent de se laisser museler s’exposent au blocage de leurs promotions, au refus de leurs éventuelles mutations, à des rumeurs sur leur intégrité ou leurs compétences, bref à un calvaire sans fin. Le plus difficile à admettre finalement, c’est que le droit français protège la corruption. On affiche une volonté « ferme » de lutter contre la fraude et on laisse faire. Les relations incestueuses entre les hommes politiques de premier plan et les grandes banques empêchent tout recours à l’éthique démocratique. Comme le souligne l’ex-procureur Eric de Montgolfier, « si l’on s’attend à ce que ceux qui ont mis en place le système le changent, nous ne sommes pas près d’y arriver ».
Peut-être faudrait-il songer à une coalition européenne des lanceurs d’alerte car ce sont des missionnaires de vérité qui risquent leur carrière, parfois leur vie professionnelle tout entière dans leur hasardeuse entreprise de révélation publique des abus. Comment récupérer les 1000 milliards annuels de fraude fiscale au sein de l’Union européenne ? Pourrait-on octroyer à ces hommes et femmes exceptionnels de courage et d’honnêteté un statut « d’aviseur », comme celui dédié par les Douanes. Nous sommes loin du compte. Si un ministre du budget en poste est capable d’annoncer la main sur le cœur qu’il lutte contre la fraude fiscale alors qu’il possède lui-même des actifs financiers non déclarés en Suisse et dans d’autres paradis fiscaux, c’est qu’il est certain d’être intouchable. Peut-être cette impunité va-t-elle cesser après l’incarcération de Patrick Balkany. Mais il y a gros à parier qu’il demeurera l’arbre qui cache la forêt des magouilles secrètement admises…partout en Europe.
José d’Arrigo
Délégué à la communication et délégué de la 6eme circonscription