Le 30 septembre, 3 ministres (G. Darmanin, É. Dupond-Moretti et G. Attal) assistaient aux assises de la sécurité organisées en Guyane et annonçaient: le renfort (pour 6 mois) de 7 magistrats et de 3 greffiers, puis la création en septembre 2023 de 5 postes de magistrats et 2 de greffiers, la création de 4 brigades de gendarmerie, l’implantation d’une antenne du RAID, la pérennisation d’un escadron de gendarmes mobiles (déjà présent) et des moyens pour contrôler vols et passagers en partance pour la métropole (pour lutter contre les trafics de stupéfiants), des moyens nécessaires, mais insuffisants.
Lors de l’audience de rentrée de la Cour d’appel de Cayenne, la première Présidente avait décrit « une justice en état de délabrement » (audiences déjà bouclées pour un an, risque de remise en liberté de détenus du fait de l’impossibilité de traiter leurs recours dans les délais réglementaires).
Par ailleurs, maître Landry (bâtonnier) avait évoqué le manque de 26 magistrats et de 6 greffiers et le procureur de la république près de tribunal judiciaire de Cayenne avait décidé que les personnes interpellées avec moins de 1,5 kg de cocaïne, feraient l’objet d’un classement sans suite, afin
de « diminuer la charge que le trafic de stupéfiants fait peser sur l’ensemble de la chaîne pénale » et permettre de mobiliser des moyens sur « les violences et les trafics d’armes ». Cette instruction a été annulée, sans mesures nouvelles pour améliorer le traitement des enquêtes sur les violences, alors que le taux d’homicides est 11 fois supérieur à celui de l’Hexagone.
Peu d’annonces pour lutter contre l’orpaillage illégal et l’immigration irrégulière (si ce n’est la ratification d’un accord de coopération avec le Surinam) et rien pour l’exécution des peines ; alors que la situation de la prison de Rémire-Montjoly ne s’est guère améliorée depuis la visite en 2019 de la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (personnel en sous-effectif, suroccupation et conditions d’hébergement indignes favorisant un climat de violence).L’ouverture du centre pénitentiaire de Saint Laurent du Maroni (actée depuis 2017) est maintenant envisagée pour 2027.
Nos gouvernants semblent avoir pris acte que les problématiques en Guyane ne sont pas insulaires (comme le pensait le premier ministre en 2020). Mais les Guyanais sont échaudés par les promesses qui ne se traduisent pas par une amélioration de leur quotidien. En affichant la volonté de fermer un robinet alimentant l’Hexagone en cocaïne, ce déplacement ministériel était surtout une opération de communication vis-à-vis des métropolitains.
En Guyane, violences et insécurité sont les symptômes d’une société paupérisée (53 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté). Ceci aurait dû être pris en compte, si le déplacement ministériel avait réellement visé à améliorer la sécurité des Guyanais.
Avec Nicolas Dupont-Aignan, nous estimons que la situation de nos compatriotes de Guyane doit être abordée avec sérieux et bon sens. Ắ côté de mesures visant à doter forces de l’ordre et services de la justice des moyens nécessaires à l’exercice de leurs missions, son programme pour l’élection présidentielle 2022 proposait des réponses spécifiques aux difficultés des Outre-mer (investissements pour l’avenir et l’emploi, formation, plan sanitaire, continuité territoriale avec la métropole, partenariat avec l’environnement régional)…
Bruno Grangé
Délégué National à la Sécurité