Quelle est la ligne du gouvernement en matière de sécurité ? Faut-il se fier au martial Manuel Valls ou à la compréhensive Christiane Taubira ? La polémique sur la question de l’expulsion des roms, où la politique du nouveau ministre de l’intérieur rappelle celle de l’équipe précédente, repose à nouveau la question.
Fermeté médiatique n’est pas efficacité
Manuel Valls a décidé de mettre ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy. Ce n’est sans doute pas surprenant pour un aspirant à l’Elysée. Il a tout fait pour obtenir la place Beauvau (arrivant même à écarter François Rebsamen) et met ses pas dans ceux de son pas si lointain précédesseur : omniprésence médiatique, discours extrêmement ferme à toutes les occasions, y compris à l’égard des roms, qui sont expulsés de leur campement comme il y a quelques années.
Mais ce n’est pas tout de tenir un discours ferme. Il faut également mener une vraie réflexion sur les causes de cette violence, qui sévit à Amiens mais aussi dans nos écoles, et sur les moyens de mettre fin à cette spirale de violence qui gangrène notre société. Et pour l’instant, derrière le discours martial et la réactivité médiatique de Manuel Valls, qui rappelle tellement Nicolas Sarkozy, on peine à discerner une véritable direction politique qui pourrait venir à bout de ce problème.
En effet, derrière l’agitation verbale, médiatique et législative des dix dernières années, les violences aux personnes n’ont cessé de progresser, 60% depuis 2001, ce que le chiffre global de la délinquance camoufle en mélangeant choux et carottes. Bref, même s’il n’est sans doute pas inutile d’afficher la fermeté de l’Etat, cela ne remplace pas une réflexion et une politique globales de sécurité que ne peut rassembler un assemblage baroque de lois rédigées à la hâte en réaction à l’actualité.
Le PS a du mal à sortir de l’angélisme
Mais outre le fait que Manuel Valls risque de ne pas faire mieux que cela, il est aussi un peu seul dans cette équipe gouvernementale qui retombe dans l’angélisme de l’équipe de Lionel Jospin après le départ de Jean-Pierre Chevènement. Même si François Hollande a mis en avant cette thématique le 14 août, il n’y avait pas un vrai projet pour mettre fin à l’augmentation de l’insécurité. Mais le pire reste la petite musique qui émane de l’équipe au pouvoir.
Entre Martine Aubry et Cécile Duflot qui critiquent les conditions de l’expulsion des roms et Christiane Taubira, toujours prompte à critiquer la sévérité de notre système, la majorité présidentielle ne manque pas de grandes âmes pour dénoncer le traitement trop dur infligé aux délinquants ou aux criminels. Il est effarant que ce qu’on appelle la gauche se soucie autant des coupables et aussi peu des victimes, oubliant pourtant que ces dernières sont souvent les plus faibles et les plus jeunes.
Bref, Nicolas Dupont-Aignan avait bien raison de prévenir que « la gauche revient à ses vieux démons ». Certes Manuel Valls va donner le change par des discours martiaux, donnés dans un style et une fréquence toute sarkozyste, mais les projets de la ministre de la Justice, qui veut vider les prisons, semblent indiquer que la véritable direction du gouvernement n’est pas vraiment à la fermeté. Alors que l’impunité règne pour de nombreux délits, le gouvernement veut assouplir les peines !
François Hollande aime le double langage. Pendant la campagne, il faisait de la finance son ennemi, tout en allant rassurer les banques à Londres. Pour la sécurité, Manuel Valls assurera une partition sécuritaire censée camoufler un projet laxiste. Comme Montebourg avec la désindustrialisation en somme…
Laurent Pinsolle
Porte-parole de DLR