Ce qui différencie la science de la foi c’est sa capacité de se remettre en question. Pourtant, remettre en question une interprétation ou un modèle est aujourd’hui un acte de courage, car il va à l’encontre du « consensus scientifique », un concept inventé pour supprimer l’esprit critique. Citons Michael Crichton, dans une conférence de 2003 : « En science, le consensus n’a pas d’importance. Ce qui compte, ce sont les résultats reproductibles. Les plus grands scientifiques de l’histoire le sont précisément parce qu’ils ont rompu avec le consensus. La science du consensus n’existe pas. S’il s’agit d’un consensus, ce n’est pas de la science. Si c’est de la science, ce n’est pas du consensus. C’est tout » [1].
Cette évidence est contredite par la lettre adressée le 8 avril 2025 par le président et le président élu du Conseil international des sciences (ISC) aux membres de cette ONG [2]. Dans un plaidoyer pour la « diversité » et contre les réseaux sociaux, véhicules de « désinformation » et de « théories complotistes », les deux signataires se lancent dans une croisade contre le « populisme », coupable, à leurs yeux, de « rejeter le privilège de la science dans la définition des vérités et dans la prise de décisions ». L’expression « définir des vérités » devrait froncer les sourcils ; nous y revenons.
Les dangers qui, d’après les signataires, nous guettent seraient « la mobilisation de ressources en faveur de la défense et de la sécurité », le « défi de la pandémie », le « retrait de la globalisation », qui conduisent des nations à « se focaliser davantage sur leurs nécessités utilitaires ». Que les nations pensent d’abord à elles-mêmes et à leurs peuples demeure manifestement quelque chose d’incompréhensible pour les chantres de la globalisation. Lesquels croient voir « un assaut grandissant à la science, aux universités et à la liberté académique », surtout sur les thèmes « les plus importants » : « changement climatique, risques pandémiques, sciences sociales, environnement, capital naturel ». On constate dans cette lettre à quel point le dogmatisme gangrène désormais certaines institutions scientifiques. Citer les « risques pandémiques » au moment où l’arnaque covid est devant les yeux de tous ceux qui ne refusent pas de voir est digne d’un écrit d’Orwell. Mais le dogmatisme de cette ONG se montre sans voile dans la relation qu’elle prétend d’établir entre ceux qui critiquent le changement climatique (sous-entendu « d’origine anthropique ») et l’« assaut à la science », car remettre en question les thèses du GIEC est, à leurs yeux, un crime qui va contre le « consensus » scientifique. Non seulement l’influence anthropique sur le changement climatique est loin d’être démontrée [3,4], mais le prétendu « consensus» n’est obtenu qu’en invisibilisant les milliers de scientifiques, dont des prix Nobel, qui contestent cette interprétation et les modèles, souvent irréalistes, du GIEC [5].
Cette lettre représente en réalité la négation de la science, car elle nie la nécessite d’une constante remise en question, à la faveur d’un dogmatisme qui est propre des religions. On peut se demander si les signataires ne se rendent pas compte qu’ils propagent davantage l’image d’une secte que d’une science. Ou si, au contraire, ils en sont bien conscients et leur objectif n’est plutôt de changer la mission même de la science, qui ne serait plus une incessante quête de vérité mais une définition des vérités, pour reprendre leurs propres mots. L’assaut à la liberté académique ne vient manifestement pas de ceux qui font l’objet des accusations de l’ISC, mais de l’ISC lui-même.
[1] https://stephenschneider.stanford.edu/Publications/PDF_Papers/Crichton2003.pdf
[4] https://laphysiqueduclimat.fr/