Retrouvez l’intervention de Nicolas DUPONT-AIGNAN à l’Assemblée nationale pour un plan de paix équilibré en Ukraine.
Cessons immédiatement cette surenchère guerrière, ne plongeons pas l’Europe dans le chaos. Ne poussons pas la Russie dans les bras de la Chine, retrouvons une France libre !
Prise de parole de Nicolas DUPONT-AIGNAN LPM 2024-2030
Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Chers collègues,
J’ai suffisamment alerté, au cours de mes mandats précédents, sur la baisse de notre effort de défense, pour ne pas aujourd’hui me réjouir de voir cette loi de programmation militaire réarmer notre pays.
Cependant, ce n’est pas parce que vous faites mieux que vos prédécesseurs, qui ont désarmé la France, que vous préparez suffisamment l’avenir.
C’est pourquoi, je proposerai des amendements visant à ajouter 21,38 milliards d’euros de crédits, pour dépasser en 2030, à l’image du Royaume-Uni, non pas 2% du PIB comme vous le prévoyez, mais 2,5%, qui sont pour moi un strict minimum.
Ma proposition répond à 4 objectifs :
- Compenser l’effet de l’inflation, qui grignotera votre budget de 30 milliards d’euros ;
- Améliorer la condition de vie des militaires, pour éviter la multiplication des ruptures de contrats et des démissions qui affaiblissent nos armées ;
- Accroître nos équipements indispensables à notre présence maritime, avec un second porte-avions et 15 frégates supplémentaires ;
- Conserver notre indépendance technologique, en nous donnant les moyens, autour de nos industriels tricolores, de produire de manière autonome l’avion du futur, plutôt que de perdre du temps dans les sables-mouvants du fameux SCAF européen.
Ce débat, autour de la loi de programmation militaire, est vital pour l’avenir de notre pays.
Mais il en est un autre encore plus urgent qui manque cruellement à la représentation nationale : le débat sur l’engagement de notre pays en Ukraine.
Au fil des mois, l’ampleur des livraisons d’armes françaises, et surtout la récente annonce de la formation de pilotes ukrainiens sur des Mirage 2000, préalable à la livraison d’avions de chasse français, nous conduisent de fait à la cobelligérance avec la Russie.
C’est un choix crucial qui, en vertu de l’article 35 de la Constitution, devrait être soumis à l’autorisation du Parlement.
Une chose était de condamner l’entrée des troupes russes en Ukraine, et de sanctionner cette atteinte à la souveraineté ; une autre est de participer à une surenchère guerrière, aux côtés de responsables ukrainiens, qui ne cachent plus leur volonté d’attaquer et de déstabiliser la Russie.
L’histoire de la Première Guerre mondiale nous a appris qu’un conflit territorial mal géré pouvait conduire à une catastrophe planétaire.
En déclarant que la France s’alignera sur les conditions de paix, et le moment choisi par le Président Zelensky, Emmanuel Macron se lie les mains par avance, et interdit à notre pays de proposer, avant qu’il ne soit trop tard, un plan de paix équilibré.
Au moment où les deux camps en présence sont épuisés par les combats, et où l’Ukraine devient le champ de bataille martyr de l’Europe, ce n’est pas faire preuve de faiblesse, tout au contraire, comme le Pape François vient de le dire, que de vouloir stopper l’engrenage militaire en proposant un chemin vers la paix.
La France, fidèle à sa tradition d’indépendance gaullienne, devrait proposer :
- L’autonomie constitutionnelle du Donbass, qui était d’ailleurs prévue par les accords de Minsk et qui n’a pas été respectée par l’Ukraine ;
- Le retrait des troupes russes, avec la mise en place de casques bleus de l’ONU sur la ligne de front ;
- Un accord de sécurité européen, tel qu’en son temps l’avait imaginé Jacques Chirac, prévoyant notamment la neutralité, hors de l’OTAN et de l’UE, de l’Ukraine.
Henry Kissinger, avait déjà en son temps, mis en garde l’Occident contre la tentation de pousser la Russie dans les bras de la Chine, et de s’isoler du reste du monde.
La France, en s’alignant unilatéralement sur Madame Von der Leyen, qui n’a aucune légitimité démocratique, et sur le Président Biden, très contesté sur sa politique étrangère dans son propre pays, est en train de commettre une faute géopolitique historique.
Dans un monde de plus en plus multipolaire, notre nation, en perdant son indépendance, perd sa crédibilité et donc son influence, principalement en Afrique, en Amérique Latine et en Asie.
Plus nous laissons pourrir ce conflit, plus nous transformons le continent européen en champ de bataille du monde, plus nous affaiblissons les nations européennes, nous préparant un 21ème siècle sous la domination complète des États-Unis et de la Chine.
Est-ce vraiment l’intérêt de la France ? Est-ce vraiment l’intérêt de l’Europe ?