Edouard Philippe vient de présenter une réforme des retraites qui confirme nos craintes. Je demande le retrait de cette réforme injuste qui va appauvrir les retraités plutôt que de créer les emplois nécessaires au financement du système.
En effet, sous couvert d’un système universel, Emmanuel Macron a décidé de rompre avec sa promesse de campagne de ne pas durcir l’âge de départ à la retraite. Il a choisi de s’attaquer aux retraites de tous les Français alors que seuls 5% d’entre eux bénéficient de régimes spéciaux. Il va baisser les pensions des retraités plutôt que garantir les recettes du système en relançant l’emploi et en luttant contre la fraude. Ainsi, il n’y a pas un seul mot d’Edouard Philippe sur les créations d’emplois si indispensables à l’équilibre de notre système de retraites !
Pendant la campagne présidentielle puis comme Président, Emmanuel Macron avait promis de ne pas demander aux Français de travailler plus longtemps pour avoir la même pension. Or, la création d’un « âge pivot » revient tout simplement à décaler l’âge de départ à la retraite de deux ans pour conserver le même niveau de vie.
Par ailleurs, contrairement aux déclarations d’Edouard Philippe, la réforme des retraites va bien appauvrir les retraités, notamment à cause :
- La fin de la valorisation de la carrière. Actuellement, le montant des retraites est calculé en prenant en compte les revenus des 25 meilleures années dans le privé et des 6 derniers mois dans le public. La réforme d’Emmanuel Macron prévoit un système à point calculant la pension sur les revenus de l’intégralité de la carrière, incluant les hauts comme les bas, les périodes de chômage et débuts de vie professionnelle, etc. Mécaniquement, les retraites vont donc massivement baisser, jusqu’à 25% pour de nombreuses pensions !
- De l’instauration d’un système à points. Edouard Philippe a confirmé la mise en place d’un système à points pour calculer les pensions de retraites, comme en Suède où la valeur du point a été réduite de 3% en 2010 et 4% en 2011, baissant mécaniquement les pensions de retraite. La réforme d’Emmanuel Macron va donc faire de nos retraités les variables d’ajustement des futurs gouvernements ! Que ce soit par la baisse de la valeur du point, ou son gel comme pour le revenu des fonctionnaires.
- De la création de nombreuses injustices. Au lieu de corriger des injustices, cette réforme va en créer de nouvelles. Par exemple, elle va supprimer les 8 trimestres de cotisation offerts par enfant et les 10% de majoration de pension, aux femmes travaillant dans le privé en échange d’un simple bonus de 5%. En plus de s’attaquer aux pensions des mères de famille, cette mesure délirante va participer à freiner la natalité dans notre pays pourtant indispensable à l’équilibre de notre système de retraites !
L’affaiblissement du système par répartition, l’appauvrissement des retraités et leur incertitude quant au futur montant de leurs pensions vont précariser les retraités et inciter les Français à capitaliser en ayant recours à des fonds de pensions. Le lobbyiste des assurances Jean-Paul Delevoye porte un projet qui ouvrira le marché juteux des retraites aux grands intérêts privés !
En réalité, cette réforme aurait pu être évitée, le blocage des transports et la paralysie du pays auraient pu ne pas avoir lieu, si Emmanuel Macron avait décidé de garantir les recettes du système de retraites plutôt que s’attaquer à ses dépenses en réduisant les pensions des retraités. Nous attendions du Gouvernement qu’il corrige les inégalités du système actuel plutôt qu’établir un nouveau système qui accroît les inégalités. D’autant que le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a confirmé dans son dernier rapport que l’équilibre financier du régime des retraites actuel n’est pas véritablement menacé !
La France doit avant tout relocaliser les deux millions d’emplois industriels qu’elle a perdus en 25 ans et créer de la richesse. Nous ne parviendrons à résorber le chômage de masse et à relancer la croissance qu’en menant des politiques de patriotisme économique défendant nos activités face à la concurrence déloyale, incitant les entreprises à produire, embaucher et investir en France grâce à la fiscalité et à la commande publique.
En ne s’appliquant qu’à partir de 2025, ce système des retraites constituera l’un des enjeux majeurs de la présidentielle de 2022 puisqu’il faudra l’annuler.
Nicolas Dupont-Aignan,
Président de Debout La France
Député de l’Essonne