Un fait divers, en apparence, révèle les perversions de la soi-disant concurrence libre et non faussée imposée par nos dirigeants. L’entreprise Michelin se plaint de concurrence déloyale, car des pneus asiatiques à bas coût et de basse qualité inondent les marchés européens au détriment des pneus français, qui respectent les obligations de sécurité. Et l’entreprise BIC, qui fabrique notamment des briquets en Europe, vient de porter plainte contre la France car depuis dix ans nos gouvernements laissent les producteurs asiatiques inonder les marchés européens de briquets dangereux, ne répondant pas aux normes de sécurité imposées aux producteurs européens.
On pourrait malheureusement multiplier les exemples de discrimination à rebours : des normes très strictes sont imposées à ceux qui fabriquent en France ou dans l’Union européenne mais on autorise l’importation de produits fabriqués au mépris de toutes ces normes – y compris de produits de basse qualité, qui mettent en danger les utilisateurs ou qui menacent l’environnement. On nous dit souvent que le problème pour produire en France ou en Europe est le coût du travail, la fiscalité sur les bénéfices ou un autre problème à régler par des « réformes structurelles ». L’exemple Michelin démontre qu’il faut d’abord s’attaquer au libre-échangisme naïf qui consiste à pénaliser nos fabricants par des normes exigeantes tout en autorisant leurs concurrents étrangers à importer pratiquement n’importe quel produit, quelles que soient ses conditions de fabrication.
Notre proposition est simple : tous ceux qui vendent des produits sur un marché français ou européen doivent être soumis aux mêmes lois, règles et autres normes.
Le critère du marché de destination (où sont vendus les produits ?) doit remplacer le critère archaïque d’implantation de l’entreprise (où sont fabriqués les produits). A notre époque, on peut en effet fabriquer des marchandises dans un pays et les vendre potentiellement dans tous les autres pays du monde. La concurrence s’exerce par conséquent dans chaque pays où les produits sont vendus. Dans ces conditions, pour que la concurrence soit loyale et que tous soient soumis à la même règle, tous ceux qui fournissent des produits sur le même marché, dans le même pays, doivent être soumis aux mêmes règles. C’est un impératif d’équité mais aussi d’efficacité car la concurrence par les mérites suppose que les fabricants soient départagés par leurs mérites et non par les privilèges juridiques dont bénéficient les fabricants extra-européens.
Si une réglementation est inutile (c’est fréquent), elle doit être supprimée pour toutes les entreprises. Il ne suffit pas d’autoriser l’importation de produits fabriqués à l’étranger au mépris de cette réglementation, il faut libérer nos fabricants de cette contrainte inutile et coûteuse. Si à l’inverse une réglementation est utile, il faut interdire purement et simplement l’importation des produits étrangers qui ne la respectent pas et on doit exiger de l’importateur qu’il prouve son respect de la réglementation.
On nous dit que cette exigence d’égalité entre fabricants serait du « protectionnisme ». Mais le rôle de l’Etat n’est-il pas justement de protéger les habitants et les entreprises contre les produits dangereux, comme des pneus pouvant provoquer des accidents ou des herbicides cancérigènes ? Et n’est-il pas légitime de protéger les entreprises qui fabriquent en France ou en Europe pour maintenir un haut niveau de qualité contre les fabricants de produits dangereux ? N’est-il pas hypocrite d’imposer des normes environnementales strictes pour produire à l’intérieur de l’UE tout en délocalisant la production de gaz à effets de serre en Asie puisque nous importons ensuite les produits fabriqués là-bas ?
Le dogme du libre-échangisme conduit à violer la règle fondamentale de la bonne liberté économique : que tous soient soumis à la même règle, sans privilège – à plus forte raison encore lorsque les privilèges prennent la forme d’une préférence étrangère…
Debout la France propose naturellement de subordonner l’importation des produits extérieurs à l’Union européenne à la preuve préalable que ces produits respectent des normes au moins équivalentes à celles imposées aux fabricants français et européens.
Jean-Philippe Tanguy
Délégué National Debout La France