Nicolas DUPONT-AIGNAN a présenté ce matin son projet de « référendum d’initiative partagée » pour obliger le Gouvernement à consulter, par référendum, les Français, sur le maintien de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans.
Pour obtenir les 185 signatures, de Députés ou Sénateurs, préalables au recueil des signatures des Français (10% du corps électoral) pour mettre en œuvre ce référendum, il a appelé les forces politiques à mettre de côté leurs divergences, pour se rassembler sur l’essentiel.
Il a également demandé aux Français d’inciter leurs parlementaires à signer ce projet d’appel à l’arbitrage du peuple.
Je signe la pétition :
Janvier 2023- RIP retraites
Argumentaire :
1. le régime des retraites par répartition n’est pas menacé.
En 2022, le régime est excédentaire à hauteur de 3,2 milliards d’euros. La part du produit intérieur brut consacrée aux retraites est prévue, dans la pire des prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR), en légère augmentation en 2032 (14,5%), puis en baisse en 2050 (14,1%) contre 13,7% en 2021.
Le COR prévoit, au pire, un léger déficit en 2030 (7 à 10 milliards) sur un montant total de retraites versées aujourd’hui de 346 milliards. Cela représente l’augmentation récente du versement net de la France à l’Union européenne (de 5 à 12 milliards en quelques années), ou la moitié du coût financier annuel des millions de fausses cartes Vitale (20 milliards).
Plutôt que de faire souffrir les retraités, et les sacrifier une nouvelle fois, chassons les vrais gaspillages financiers de la France.
Cette réforme ne vise pas à empêcher un déficit grave, mais tout simplement à réduire, sous l’influence de Bruxelles, la part de notre richesse nationale réservée à nos retraités, et à ouvrir un nouveau marché aux fonds de pension, pour compléter l’insuffisance future des retraites des Français.
2. Une réforme dangereuse : les retraités vont être paupérisés.
Comment, dans un pays qui licencie les seniors dès 55 ans, peut-on demander l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite, qui va contraindre une majorité des non retraités, entre 62 et 64 ans, à toucher les minimas sociaux ?
En 2019, Emmanuel Macron le clamait lui-même haut et fort :
« Est-ce qu’il faut reculer l’âge légal de départ à la retraite qui est aujourd’hui à 62 ans ? Je ne crois pas. (…) Vous ne savez déjà plus comment faire après 55 ans. (…) On doit d’abord gagner ce combat avant d’expliquer aux gens, mes bons amis travaillez plus longtemps, ça serait hypocrite. »
Seulement 30% des 60-64 ans ont un emploi, et les recruteurs ne sont pas enclins à changer cette politique. Ainsi, selon une récente étude réalisée par Indeed, 4 chefs d’entreprises sur 10 n’envisagent pas d’employer une personne de plus de 45 ans dans un futur proche.
Ce ne sont pas les 60-64 ans qui vont prendre les métiers en tension (infirmières, soignants, enseignants, conducteurs de train ou de bus), ce ne sont pas eux, dans une ère du tout numérique, qui formeront les plus jeunes sur les nouvelles technologies. La précédente réforme, qui a augmenté l’âge de départ de 60 à 62 ans, n’a eu aucune influence sur le taux d’emploi des ouvriers, des aides à domicile ou des métiers du bâtiment.
Au vu du faible taux d’emploi précédemment cité, l’inactivité est, et restera, conséquente chez les seniors. Le passage de 62 à 64 ans va, de fait, réduire la période d’activité prise en compte pour l’établissement des pensions, qui seront encore plus faibles qu’auparavant.
Les économies voulues par le Gouvernement seront principalement financées par ceux qui ont commencé à travailler très jeune, qui, pour avoir une retraite à taux plein, devront travailler « gratuitement », c’est-à-dire sans gagner de nouveaux droits de retraite, puisqu’ils auront déjà cumulé assez de cotisations à 62 ans.
Les classes modestes seront, une nouvelle fois, les premières victimes, alors qu’elles ont, comparativement aux classes les plus riches, une espérance de vie bien inférieure (29% des hommes les plus modestes sont décédés à 64 ans contre 6% des hommes à très fort revenus).
Non content de contraindre une partie de la population à vivre au RSA, cette réforme ne fera que multiplier le nombre de travailleurs qui, auront commencé très jeune, mais n’auront jamais eu le loisir de profiter de leur retraite.
Le Gouvernement, pour tromper les Français, promet une pension minimale de 1200 € mais cela vaut uniquement pour les carrières complètes. Or, la réforme présentée va entraîner de fortes discontinuités de carrière.
3. Pour solidifier le régime de retraite par répartition, des solutions existent.
Plutôt que de multiplier des réformes successives réduisant les dépenses de retraite, il faut, pour rendre durable à moyen terme le régime de retraite par répartition, se concentrer sur les recettes qui dépendent de la création d’emplois sur le sol français et de la natalité :
- Seule une politique incitant à produire en France, et à relocaliser nos industries, permettra de baisser le taux de chômage à 5%, ce qui représenterait une dizaine de milliards de recettes supplémentaires pour les caisses de retraite.
- Renouer avec une vraie politique familiale, en revenant sur les suppressions d’aides décidées par François Hollande et Emmanuel Macron, ce qui permettrait d’augmenter la natalité et de préserver le ratio actifs-inactifs pour les décennies à venir.
Seul un référendum, issu d’une vaste mobilisation populaire, dépassant les clivages politiques, peut permettre de bloquer le Gouvernement sans bloquer le pays.