Depuis des mois, le peuple grec est dans la rue contre l’insupportable austérité de longue durée qu’on voudrait lui imposer. La majorité parlementaire socialiste (sic) s’effrite.
La décision de faire appel au référendum est la seule porte de sortie qu’il reste au premier ministre. Cette décision est logique et démocratique. Elle pourrait certes permettre à l’actuelle majorité parlementaire d’éviter d’être balayée par un nouveau scrutin législatif. Mais aucune majorité politique ne peut de toute façon continuer à tenir le cap de la méga-austérité imposée par la logique folle de l’Union Européenne et de l’Euro comme monnaie unique.
Consternation ! Incompréhension ! Affolement ! Les dirigeants européens, Sarkozy et Merkel en tête, sont évidemment à l’unisson des banques et des institutions financières. Comment oser demander l’avis du peuple grec sur le sort qu’on lui impose !
Il est vrai que l’économie grecque est une sorte d’intermédiaire entre les économies de l’Europe de l’Ouest et les économies du Proche-Orient. Mais c’est bien au peuple grec de décider comment il veut vivre et, s'il veut moderniser son économie, d’en décider les modalités et les rythmes.
On a beaucoup daubé sur la Grèce, sur sa fiscalité minimale, sur la corruption généralisée et la pratique systématique des bakchichs qui la minent. Mais les docteurs Folamour de Bruxelles n’auraient-ils pas dû s’interroger au préalable sur son intégration dans la zone Euro ? Mais rien n’était trop beau et trop grand pour le rêve, devenu cauchemar, de l’Euro comme monnaie de fer servant essentiellement les intérêts de l’économie allemande et des pays de l’Europe du Nord, et surtout ceux de la finance européenne mondialisée et des grands groupes investissant en dehors de l’Europe.
En juillet 2011, on nous annonçait déjà triomphalement que le problème grec était réglé, et les mêmes sirènes viennent de retentir il y a trois jours à peine. Mais rien n’y fera. La vérité est que tous les plans de sauvetage, aux montants babyloniens, aujourd’hui pour la Grèce, demain pour le sud de l’Europe, ne viennent que remplir un tonneau des Danaïdes. Les économies de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie, de la France sont asséchées par la logique mondialiste : produire à bas coût dans les pays émergents pour revendre ici au prix fort. Cette logique, que Francis Blanche en son temps eut qualifiée de kolossale finesse, n’a omis qu’un détail : en détruisant le tissu industriel européen, en comprimant partout les salaires, en systématisant le chômage de masse, on a tué la poule aux œufs d’or. Pendant vingt ans on a fait illusion pour maintenir le niveau de vie : pompage de la protection sociale en France, dopage à l’immobilier en Espagne…
Mais nous sommes en fin de partie : les caisses des Etats se vident, comme celles des banques qui ne peuvent plus maintenir des économies en état de respiration artificielle. Les Etats peuvent renflouer les banques, mais qui renflouera les Etats ? Il n’ y a plus que deux solutions : soit l’austérité drastique à la grecque pour tout le monde, soit changer de cap.
Ce qu’il faut, c’est en revenir aux souverainetés monétaires au sein de la zone Euro, et relocaliser par de nouvelles règles d’importation aux frontières de l’Europe, négociées avec les pays émergents sans les précipiter à nouveau dans la spirale de la misère. Il faut un nouveau new deal à l’échelle mondiale. On nous dit : la France ne peut pas faire cavalier seul ! Mais si elle défendait avec vigueur cette perspective, toute la donne politique en serait bouleversée.
Voyez nos gourous de l’économie, voyez nos éditorialistes, voyez nos dirigeants, le candidat socialiste, François Hollande et le proto-candidat président, Nicolas Sarkozy : tous sont incapables de ce changement de cap nécessaire, tous accrochés à la logique de la “rigueur” au lieu de penser l’avenir.
Rassembler les Français, changer de logique : c’est possible et c’est maintenant.
François Morvan Vice-président de DLR