Ainsi donc, 3 jours après avoir escamoté le 11 novembre, et la leçon d’histoire que cet anniversaire rappelle aux plus sensés parmi les Français, Hubert Védrine a remis un rapport à François Hollande sur « la place de la France dans l’OTAN ». Evidemment ce n’est pas un vrai rapport mais une œuvre de commande : M. Védrine corrobore, avec un document de circonstance, ce que M.Hollande souhaitait lire et dont il avait déjà, pendant la campagne présidentielle, annoncé l’idée maîtresse quoi qu’évasive. Voilà au moins un engagement de campagne que le locataire de l’Elysée n’aura pas trahi.
M. Védrine donne deux séries de prétendues raisons pour conclure que « la sortie de la France de l’OTAN , n’est pas une option ».
1 – Une « telle sortie ne serait comprise par personne, ne nous apporterait rien, nous n’aurions pas les arguments, de Gaulle a eu raison à l’époque, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui ».
On est consterné d’une si faible cohérence intellectuelle de la part d’une personnalité qui nous avait habitué à bien mieux :
Car on ne fait pas de politique étrangère ou de défense pour être compris, mais pour rechercher l’intérêt national. Et d’ailleurs, hors des salons lambrissés, le peuple de France lui, comprendrait ; ce qui nous suffit.
Et car on ne peut à la fois se dire européen et préconiser la dépendance totale de l’Europe en matière de défense (OTAN), de commerce mondial (OMC), de finance (BM), de monnaie (FMI). Nous, les vrais européens, proposerons une autre construction européenne, démocratique, sensée, et donc efficace.
M. Védrine est à court d’arguments ? En voilà : nous, les véritables européens, voulons une coordination militaire européenne, respectueuse des intérêts de chaque pays. Nous ne voulons plus être humiliés sur notre propre continent comme ce fut le cas en ex-Yougoslavie, ni embarqués comme supplétifs dans des aventures inutiles et sanglantes, mais être les acteurs de nos choix et actions militaires, en libre concertation avec nos alliés.
De Gaulle avait raison, mais pas aujourd’hui ? C’est l’inverse. A fortiori, il aurait raison aujourd’hui car l’indépendance militaire non seulement est toujours aussi nécessaire, car il n’est pas d’indépendance politique sans indépendance militaire, mais encore elle est bien plus possible du fait de la disparition de la menace soviétique, qui était la raison fondatrice de l’OTAN.
2 – « Une France décomplexée, doit se montrer vigilante et exigeante, discuter de plain-pied avec les Américains, et l’Armée française devra préserver sa capacité propre d’analyse des menaces ».
Ici la consternation cède la place à l’effarement, voire l’hilarité, si le sujet n’était pas aussi grave :
Qui peut croire à une discussion de plain-pied avec les Américains qui disposent d’une armée colossale, et qui exerce des choix stratégiques et géopolitiques distincts, et parfois concurrents ?
Qui peut penser que ces phrases insipides n’ont pas pour objet de dissimuler la lâcheté ou l’atlantisme de nos politiques, et la déréliction de nos capacités militaires, due aux conséquences budgétaires de choix économiques stupides et désastreux ?
Comment nous Français pourrions-nous discuter avec les dirigeants militaires américains sur un pied d'égalité, quand nos politiques mettent tant d'acharnement à réduire au minima nos forces armées et les budgets de la Défense ?
DLR redira toujours qu’une autre politique économique est possible ; elle seule redonnera sa prospérité à la France et, ainsi, une armée au niveau de ses besoins et de son rang mondial. Il sera alors possible de fonder les coopérations militaires européennes dans une structure souple, et de mener des actions concertées quand cela s’avèrera nécessaire, y compris avec les Etats-Unis.
Membre du Bureau national de DLR
Déléguée nationale aux Armées
Henri Temple
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national à l'Indépendance de la France