Pensée par un philosophe proche du pouvoir, coordonnée par l’OTAN, l’intervention militaire française en Libye, voulue par M.Sarkozy, débouche, comme seuls les imprévoyants ne l’attendaient pas, sur un désastre : le feu islamiste au Sahel, Mali, Niger, Tchad, jusqu’au Centrafrique et au Nigeria, à la frontière du Cameroun, est alimenté en hommes, en matériels, en armes et en argent par des commandos de la mort fanatiques et pervers venant des sanctuaires et bases aménagés en Cyrénaïque (entre Benghazi et Tobrouk), dans le Fezzan et l’Oubari (sud ouest).
Ni l’Afrique, ni l’Europe, ne seront en sécurité tant que cet abcès purulent, né d’un coup de bistouri hâtif et inconséquent du «chirurgien» Sarkozy ne sera pas cautérisé.
Tous les pays arabes de la zone – à l’exception remarquable de la puissance militaire de l’Egypte, directement menacée – sont hostiles à une intervention pour le rétablissement en Libye de l’ordre et de la sécurité (Algérie, Tunisie, Maroc, Soudan). Et la Ligue arabe a condamné par avance toute « ingérence ». Au nom de quoi ? Et pour quelle autre solution? Pas de surprise, dès lors, que l’Union africaine y soit, elle aussi défavorable. Et l’OTAN demeure taisante.Mais l’Atlantic Council, un Think Tank qui n’est que le faux nez de l’OTAN, estime qu’une «opération militaire étrangère serait désastreuse, favorisant un camp et accentuant la division du pays» (sic). Propos surréalistes (ou irresponsables ou stupides, au choix), tenus à 10 heures d’avion du foyer incandescent, appliqués à un pays déjà en pleine guerre civile et partition de fait, qui dissémine l’islamisme à la cantonade.
MM. Hollande et Fabius –on ne sera pas surpris de leur unanimité une fois de plus dans l’erreur de diagnostic (comme en Syrie, comme au Mali, après la guerre)- n’y sont pas favorables alors que M. Le Drian sait bien, lui qui entend nos militaires et les Etats menacés, que des actions de guerre sont inévitables et urgentes: plus le temps passe plus le travail de nos soldats sera difficile, dangereux, long et coûteux.
M. Hollande découvre –à son âge, il était temps- que l’armée et la police ne sont pas des variables d’ajustement budgétaire et que des commandos lourdement armés peuvent massacrer des policiers et des civils dans le XIème arrondissement à quelques stations de Métro de la rue du Cirque…
La France est la puissance militaire prééminente et atomique en Méditerranée. Elle ne saurait, sauf à porter une terrible faute historique, récuser sa responsabilité. Tant parce qu’elle a participé à la survenance du chaos, que parce que c’est son rôle naturel de prendre la tête de la future coalition. Si l’Algérie (qui a essayé de jouer le Mali contre la France) ne veut pas que la peste libyenne ne la contamine à nouveau, elle devra au minimum verrouiller sa frontière (certes immense) avec la Libye.
La France doit impérativement prendre la tête d’une coalition du Nord (la France, et Espagne, Italie qu’il faudra motiver) et du Sud (Egypte, Tchad, Niger, Mali, Mauritanie qui sont motivés) pour curer les abcès libyens. Alors on pourra aider à rétablir un régime de droit en Libye, selon un scénario que de pathétiques amateurs en géostratégie avaient, tout simplement, «oublié» à la fin de la première guerre de Libye.
Il est rare, dans une guerre, que des assiégés (Berkhane) vainquent un ennemi mobile. Seul le mouvement permettra de reprendre l’avantage et d’en finir. La Libye n’est pas un réservoir humain et urbain difficile à cerner et à contraindre, à la différence de l’Afghanistan ou de la Syrie. Les flottes coalisées devront prendre position au large des Syrtes, l’armée égyptienne verrouiller sa frontière et investir le littoral de la Cyrénaïque.
Les armées aguerries du Niger, du Tchad et de la Mauritanie, concertées avec les forces maliennes et françaises, et appuyées par ces dernières, pourront alors mener une action énergique contre les bases criminelles de quelques milliers de bandits dans l’Oubari et le Fezzan.
Mais il faudra cette fois ci avoir enfin un plan intelligent pour rétablir l’économie, la sécurité civile, un Etat, en Libye. Et tarir ainsi les flots de réfugiés forcés de quitter leurs pays.
Henri Templs
Délégué national à l'Indépendance de la France