Il y a 80 ans étaient signés les accords de Matignon annonçant de grandes réformes sociales telles que les congés payés, les 40 heures de travail hebdomadaire ou encore la création des conventions collectives. Ces accords, porteurs d’une promesse émancipatrice pour des millions de travailleurs, incarnaient la quintessence d’un progrès acquis après d’innombrables luttes face à un pouvoir outrepassant ses droits. Ils allaient profondément bouleverser la France dans son modèle économique et social, au point que, jusqu’il y a encore vingt ans, aucun gouvernement n’aurait eu l’audace de remettre en cause ces accords.
Pourtant, comme nous le savons tous, la présidence Hollande n’a que faire du sort des salariés français qu’elle ne cesse de traiter avec mépris et condescendance au lieu de récompenser le travail des nombreux Français méritants. C’est dans cette logique de recul de l’Etat et de ralliement progressif au dogme libéral, que notre modèle est progressivement déconstruit par la ministre du travail Madame Myriam El Khomri. Cette réforme, aussi absurde que funeste, ne fait que prolonger le travail de sape perpétué depuis trente ans contre notre tissu social, le tout sous la férule d’une Union européenne devenue folle. Elle est en outre complètement déconnectée des besoins et des aspirations réels de nos petites et moyennes entreprises, alors même que celles-ci représentent à elles-seules plus de 60% de l’emploi en France. Une fois de plus, ce sont les grands groupes, n’hésitant pas à délocaliser à l’étranger et à s’enrichir sur le dos d’une concurrence déloyale, qui seront valorisés, et ce au mépris de l’économie locale et nationale sur laquelle devrait reposer notre pays.
La lutte contre le matraquage fiscale et la pression administrative exacerbée sur nos PME, contre la destruction de notre agriculture locale et de notre industrie, contre la directive « travailleurs détachés » aurait dû être au cœur de la loi travail. Au contraire, cette loi authentiquement rétrograde vient rompre avec des acquis fondamentaux, un comble pour des « socialistes » qui trahissent par-là l’héritage de Léon Blum dont ils se revendiquent sans cesse de manière grotesque.
L’anniversaire des accords de Matignon, que nous célébrons aujourd’hui, trouve ainsi écho dans la destruction de notre modèle social, envié par les citoyens du monde entier et représentant à lui-seul une certaine idée de la France. Une idée découlant directement des principes fondateurs de notre modèle républicain: valorisation du travail, solidarité, justice. Il Le souvenir de ce jour historique doit plus que jamais nous rappeler qu’il est nécessaire de promouvoir l’autorité régalienne et la vision d’un Etat stratège, seul moyen de défendre les intérêts supérieurs de notre nation.
Si Debout la France milite en faveur de simplification pour les entreprises, notamment par le biais d’une clarification du code du travail, et promeut davantage de flexibilité pour les entreprises en cas d’afflux de commandes, nous condamnons cette régression sociale dont les Français réaliseront vite les conséquences catastrophiques. A la dérégulation et à l’ouverture anarchique au libéralisme, nous opposons le droit à la protection pour les travailleurs qui constituent le moteur économique de notre pays. L’anniversaire des Accords de Matignon doit également être l’occasion de rappeler que nous sacralisons le mérite et la responsabilité individuelle, principes sans lesquels il n’y a point de société possible et auxquels notre engagement sans failles contre la fraude et l’assistanat fait honneur. Efficacité et justice sociale doivent aller de pair. Cet impératif nous pousse à défendre une simplification du maquis légal et réglementaire ainsi qu’une réduction des charges sociales, et à encourager l’activité des petites entreprises et des sociétés qui réinvestissent en France. Là encore, la loi El Khomri, toute dépourvue de bon sens économique élémentaire qu’elle est, passe à côté de l’essentiel.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la France
Candidat à l’élection présidentielle de 2017