Emmanuel Macron s’étant baladé tout l’été se trouva fort dépourvu quand la rentrée fut venue…
De la fable à la réalité, il n’y a hélas souvent que quelques petits pas. A l’occasion de cette rentrée politique, Edouard Philippe a dressé la feuille de route de l’exécutif pour les mois à venir, au micro de Jean-Jacques Bourdin alors qu’Emmanuel Macron a réalisé une tournée européenne désastreuse.
Je suis stupéfait de voir à quel point les réalités politiques et économiques de notre pays mais aussi les rapports de force diplomatiques ont déjà rattrapé et submergé les mensonges de campagne ainsi que les illusions mises en scène par le président et le gouvernement. Après les affaires incessantes avant l’été, c’est désormais l’incompétence flagrante du Premier Ministre qui apparaît au grand jour. Rarement dans l’histoire politique un chef de gouvernement n’aura autant raté, la semaine dernière, une interview d’une heure qu’il était censé avoir préparée, étalant son manque de connaissance des réalités vécues par les Français quant à leur pouvoir d’achat et la fiscalité tout en montrant que la plupart des dossiers n’étaient toujours pas arbitrés. Un tel niveau d’amateurisme n’est pas digne du gouvernement de la cinquième puissance du monde et inquiète légitimement nos concitoyens qui se demandent à quelle sauce ils vont encore être mangés.
Quant à Emmanuel Macron, il a de nouveau essuyé de graves revers au niveau européen et commis des fautes diplomatiques lourdes. Il ne suffit pas de donner des coups de menton pour être respecté sur la scène internationale. Il y a des usages, des marques de respect et d’humilité entre nations alliées et partenaires. On ne critique pas son propre peuple à l’étranger comme le Président l’a fait à Bucarest, on ne critique pas une nation quand on en visite une autre et on ne donne pas de leçon de morale politique à un gouvernement démocratiquement élu.
Les Français commencent à découvrir le vrai visage de ce pouvoir. Beaucoup de communication pour un Président et un gouvernement qui en fait naviguent à vue. Le bricolage de la fiscalité et des charges sociales donne l’illusion de l’action mais ne traite pas les causes des maux du pays !
D’un côté, il respecte ses promesses pour quelques centaines de grandes fortunes financières, celles qui l’ont fait élire. Il choisit de creuser le déficit avec la suppression de l’ISF pour les produits financiers à hauteur de 3 milliards, tout en déplaçant cette fiscalité sur les propriétaires immobiliers. Les mesures réelles de pouvoir d’achat comme la suppression rapide de la taxe d’habitation pour 10 milliards et une baisse des cotisations sociales, qui avoisineraient les 17 milliards d’euros seront finalement étalées dans le temps et non plus dans l’année. En réalité, Emmanuel Macron cherche à gagner du temps pour tondre les communes et les vraies entreprises.
De l’autre, il augmente la fiscalité pour les Français les plus modestes et les classes moyennes, avec l’augmentation de 25% de la CSG ! Une hausse de CSG qui équivaut à 360 euros par an à payer en plus pour une retraite de 1400€ par mois et 492 euros par an pour une retraite de 1850 euros par mois. Ils ont choisi également une baisse aveugle des APL, la diminution brutale du nombre d’emplois aidés, la réduction drastique du budget des ministères régaliens alors que le terrorisme frappe des innocents : la défense, l’intérieur et la justice sont sacrifiées au pire moment. Naturellement, rien de tout cela n’avait été promis pendant la campagne !
Ce gouvernement, coupé des réalités du pays et esclave des lobbys qui lui ont financé sa mise en scène médiatique et sa victoire, sacrifie la relance économique durable qu’attendent les Français sur l’autel des dogmes de Bruxelles ; dogmes qui ont échoué partout et qui ne font qu’aggraver les comptes publics autant qu’appauvrir les nations européennes !
La loi travail 2 intervient sans aucune relance de l’activité ou de la consommation et va plonger des millions de Français dans la précarité et la pauvreté. Je rappelle que cette loi n’est qu’une série de concessions faites au CAC40 qui ne tient pas compte des demandes concrètes de simplification des PME et des TPE qui attendent avant tout, selon une étude sérieuse de l’INSEE, une relance des commandes et de la demande globale !
Quant aux travailleurs détachés, Emmanuel Macron a complétement échoué. Or, les Français constatent les dégâts de cette directive au quotidien. Alors que la croissance est légèrement repartie, notamment par exemple dans la bâtiment, ce la ne se traduit plus par une baisse du chômage dans ce secteur car une part considérable et croissante du travail est attribué à des travailleurs détachés au détriment des entreprises qui paient les charges en France !
Confronté à l’impasse dans laquelle il s’est enfermé en voulant réformer une directive irréformable qui doit simplement ne plus être appliquée en France comme je l’avais proposé à la Présidentielle. Emmanuel Macron s’épuise en belles paroles alors que cette concurrence déloyale de salariés ou d’intérimaires étrangers qui ne paient pas les charges sociales françaises, au moment où les retraités, les indépendants, les artisans, les professions libérales et les fonctionnaires s’apprêtent à être matraqués par la hausse de la CSG ! L’intention du Président de la République serait évidemment louable, si elle ne relevait pas d’une stratégie de communication ! Emmanuel Macron gesticule alors qu’il suffirait de taper du poing sur la table pour faire cesser ces pratiques déloyales. Il finira par se coucher devant une modification dérisoire de la directive, comme en juin dernier lorsque le Conseil européen n’avait repris aucune des demandes françaises, notamment en ce qui concerne « le durcissement de la règlementation des travailleurs détachés »… L’Europe ne peut se faire sans la France, ni au détriment des Français !
Les Français ont constaté que face à ses échecs, Emmanuel Macron paniquait et s’enfermait dans le déni et le rejet de la démocratie. Le mépris fondamental envers le peuple qui suinte des paroles et du comportement d’Emmanuel Macron repose sur le déni de la liberté de la nation, de l’identité fraternelle de notre pays et de l’égalité républicaine ; des valeurs qui devraient animer nos élites.
Après avoir laissé dire que sa pensée était « trop complexe » pour nos concitoyens, mis des bâtons dans les roues de la vraie presse après avoir tant manipulé la communication et la pensée unique, Emmanuel Macron prétend désormais que « les Français détestent les réformes » parce qu’ils rejettent son agenda oligarchique.
Dans quel monde vit Emmanuel Macron ? Les Français font des efforts et des sacrifices depuis trente ans, ils s’épuisent au travail alors que leurs salaires et leurs retraites stagnent, ils se battent pour offrir un bel avenir à leurs enfants, ils n’ont donc pas peur des réformes si elles sont utiles ou justes.
Oui M. Macron, les Français sont courageux mais ils sont aussi intelligents et comprennent que vos réformes servent les plus puissants, ceux qui détournent depuis trente ans l’intérêt général pour leurs petits intérêts personnels. Nos concitoyens sont tout à fait prêts à soutenir un gouvernement qui travaillerai pour tous et avec tous afin de régler les problèmes fondamentaux de notre pays, comme je l’avais proposé à la présidentielle :
– Développer le produire en France en transformant le CICE aveugle en baisse de charges ciblée et durable sur nos PME-TPE et en baissant par deux l’impôt sur les sociétés des entreprises qui investissent à France.
– Assurer la sécurité nationale en contrôlant nous-mêmes nos frontières, en mettant fin au laxisme pénal et en expulsant les étrangers condamnés et les fichés S.
Edouard Philippe a raison, il n’est pas un « surhomme », mais qu’il fasse preuve de bon sens et arrête d’appliquer la même politique que ses prédécesseurs ! La communication ne peut plus cacher l’amateurisme. La presse se réveille et sort d’une complaisance préjudiciable à la démocratie. Hélas, c’est un fiasco qui s’annonce et des difficultés à venir pour les Français.
Plus que jamais une autre politique s’impose. Cette rentrée politique sera décisive pour bâtir le plus vite possible une force alternative autour d’un projet d’union et de rassemblement des amoureux de la France.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la France