Le retour des djihadistes de nationalité française de Syrie ou d’Afghanistan est en passe de poser des problèmes incommensurables à l’administration pénitentiaire française. Pas seulement parce que ces fanatiques de l’islam peuvent faire du prosélytisme dans les prisons et rallier à leur cause de nombreux jeunes déboussolés, mais parce qu’ils sont capables de s’ériger en martyrs, c’est-à-dire de mourir au nom de leur religion.
Le rôle d’un ministre prévoyant devrait précisément être d’anticiper les menaces potentielles et de former des agents susceptibles de neutraliser les fauteurs de troubles qui pourraient soulever une mutinerie, agresser des surveillants, préparer une évasion collective, ou encore prendre le personnel en otage. Autant vous dire que ce n’est pas le cas : Mme Nicole Belloubet, ministre dite de la justice semble plus encline à les aider à sortir de prison qu’à les mettre hors d’état de nuire.
Il faut bien comprendre que les surveillants pénitentiaires aujourd’hui ne sont plus de simples « gardes-chiourmes, » des agents que l’on surnommait hélas avec mépris les « matons » ou les « tapins » parce que l’essentiel de leur mission consistait à ouvrir ou à fermer des portes de cellules. Depuis vingt-six ans, les surveillants sont de véritables professionnels qui ont démontré à maintes reprises leur capacité à intervenir vite et bien en cas de crises ou de tensions au sein d’un établissement.
A telle enseigne qu’aujourd’hui des équipes d’intervention spécialisées ont vu le jour, elles constituent une sorte de GIGN pénitentiaire chargées du maintien et du rétablissement de l’ordre dans les prisons françaises. Ces 430 agents exceptionnels répartis sur les neuf directions interrégionales pénitentiaires sont habilités désormais à intervenir pour maîtriser les individus les plus dangereux, quel que soit le cas de figure. Chaque fois qu’ils sont intervenus en France, ils ont correctement rempli leur mission, évitant parfois de véritables bains de sang. Or, ils manquent cruellement de moyens. Force est de constater que les équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) doivent impérativement être équipées et étoffées pour éviter le pire.
En 1994, avec l’appui total du syndicat que je dirigeais, le directeur régional pénitentiaire de la région Sud, M. Guy Solana, avait compris, lui, l’ampleur de la menace à venir. Nous avions créé ensemble le premier groupement d’intervention susceptible d’épauler efficacement la police nationale lors de troubles carcéraux. Hélas, notre initiative n’a pas été suivie à l’époque et il a fallu attendre le 27 février 2003 pour que M. Dominique Perben, ministre de la Justice, décide de créer les équipes régionales d’intervention et de sécurité à la suite de diverses émeutes ou prises d’otages à Fresnes ou d’évasion spectaculaire à l’explosif comme celle d’Antonio Ferrara à Fresnes.
Au départ, ces groupes de surveillants spécialisés non armés et critiqués par la gauche bien-pensante, ont dû essuyer les plâtres mais peu à peu ils ont réussi à s’imposer grâce à leur professionnalisme et leur capacité à suppléer le GIGN dans les cas les plus graves. Aujourd’hui, les Eris sont parfaitement entraînés par l’armée française, ils sont armés, disposent d’un négociateur habilité à amadouer autant que faire se peut les forcenés qui défient les autorités, bref ils accomplissent les missions naguère confiées à la police nationale telles que les extractions judiciaires, les transfèrements de détenus dangereux, la sécurisation des établissements en cas de crises.
Désormais les Eris sont reconnues comme la troisième force de sécurité de l’Etat et leurs compétences ont été étendues aux gardes dans les hôpitaux et les tribunaux. Des brigades cynophiles ont été créées pour les épauler et les aider à détecter de la drogue ou des explosifs. L’administration pénitentiaire doit aujourd’hui s’adapter aux rapides évolutions de la criminalité et surtout aux menaces de terroristes en puissance qui ont montré leur folie meurtrière à l’étranger. Il ne faut plus tarder car il y a péril en la demeure. L’administration, on l’a hélas constaté à plusieurs reprises, est incapable de contrôler les fanatiques de l’Islam et de mettre un terme à leurs agissements au sein même des prisons.
Il est donc urgent de créer des « groupements pénitentiaires anti-terroristes » susceptibles de se spécialiser dans le suivi des personnes radicalisées ou en passe de le devenir. Ces surveillants d’élite auraient pour mission de s’opposer aux prises d’otages, aux attaques extérieures visant à libérer des fanatiques et de gérer les situations extrêmes face à des détenteurs d’explosifs. La garde à la papa, c’est fini. Les guerriers du djihad ne sont pas de simples détenus dans l’attente d’une libération conditionnelle : ce sont des prédateurs sauvages capables du pire et nous devons, ensemble, avec Nicolas Dupont-Aignan et Debout la France, nous préparer au pire.
Jacques Struzynski
Délégué national à l’administration pénitentiaire