Chronique de Dominique Jamet du 21 juin
Jamet le dimanche !
Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l'actualité politique.
Présidents en campagne
Qui dira les méfaits du quinquennat ? Trois ans à peine se sont écoulés depuis qu’une petite majorité de Français qui venaient de purger leur peine – cinq ans ferme de Sarkozy ! – ont élu François Hollande président par défaut, deux ans nous séparent encore de la présidentielle de 2017, et déjà nos deux lascars battent l’estrade et la campagne…chacun dans son style.
L’un, bonhomme et rigolard, tapant sur le ventre des passants et se laissant par eux taper dans le dos, serrant les mains, embrassant indifféremment les nourrissons et les mémées, posant gracieusement pour les amateurs de selfies, a opté pour une tactique et une pratique résolument putéoliennes. Non que François Hollande soit un fils de Puteaux – je ne me permettrais pas une équivoque aussi désobligeante à l’encontre du chef de l’Etat – mais parce qu’à l’école de Mme Ceccaldi-Raynaud, maire de cette ville de la proche banlieue parisienne, il a choisi d’aller multipliant sous ses pas les promesses et les cadeaux. Un comportement cliéntéliste qui a réussi à Mme Ceccaldi, triomphalement réélue dimanche dernier dans une élection partielle. La différence entre les deux réside en ce que Mme Ceccaldi, qui gère depuis vingt ans l’une des communes les plus riches de France peut arroser ses administrés de bienfaits de toutes sortes – cartables pour les enfants, aspirateurs pour les ménagères, fleurs et chocolats pour les seniors, voyages à la mer et colonies de vacances pour les vieux et les jeunes – sans obérer les finances municipales tandis que M. Hollande, spéculant hardiment sur un avenir meilleur, redistribue à pleines poignées l’argent qu’il n’a pas et qu’il n’aura peut-être jamais, soit que la crise se prolonge, soit qu’un autre que lui tienne les clés du coffre. Sans attendre, il a déjà, en quelques jours, fait miroiter aux yeux des enseignants un nouveau profil de carrière, annoncé le dégel du point d’indice des fonctionnaires, la généralisation du tiers payant, l’allègement des charges fiscales et laissé son secrétaire d’Etat au Budget inventer le mirage d’une « année blanche » fiscale. Ca ne coûte rien, n’est-ce pas, et ça peut rapporter gros.
Nicolas Sarkozy, quant à lui, est dans un autre registre. Sur le fond, comme l’a clairement dit la voix de son maître, c’est M. Hortefeux que je veux dire, il n’est pas question d’abandonner un pouce de terrain au Front national, qu’il s’agisse d’immigration ou d’insécurité. Autrement dit, le chef des « Républicains » entend désormais déborder Marine Le Pen sur sa droite. Quant à la forme, le but avoué de M. Sarkozy est de « faire le buzz ». De tribune en tribune, l’ancien maire de Neuilly fait donc son one man show. « Mes meetings, lui est-il échappé, sont plus amusants que ceux de Nicolas Dupont-Aignan ». On n’en doute pas et on lui laisse la responsabilité de ses propos et de son choix. Ses références ne sont plus, comme en 2007, Clemenceau, Jaurès, Péguy, De Gaulle. Ses plus redoutables concurrents ont nom Jamel Debbouze, Nicolas Canteloup ou Jean-Marie Bigard. D’où l’inénarrable sketch, déjà classique, des « tuyaux crevés ». Tout ce qu’inspire à Nicolas Sarkozy le terrible drame humain que vivent les centaines de milliers de malheureux qui fuient avec leur terre natale la guerre, la misère et la faim, et viennent échouer sur nos rivages lorsqu’ils n’ont pas péri sur les routes de l’exil, c’est une histoire vaseuse à se tenir les côtes…
Eh bien, disons les choses comme elles sont, ils me font honte et ils font honte à notre pays, les deux politiciens, les deux démagogues qui sollicitent à nouveau nos suffrages, le VRP et l’amuseur public, le marchand de vent et le marchand de sable, le comique involontaire et le rigolo de service. Le seul élément qui me rassure, c’est qu’ils n’ont pas encore réussi à faire inscrire dans le marbre de la Constitution, de cette pauvre Constitution alourdie, déformée, défigurée par toutes sortes d’additions plus ou moins farfelues, le principe de réélection qui garantirait aux anciens présidents de la République, le sortant et son prédécesseur, la qualification de droit pour le second tour.
Dominique Jamet
Vice-Président de Debout la France