Nous, Français, exigeons que le Président de la République renonce à sa lubie de remplacer les vitraux de Viollet-le-Duc par un « geste contemporain ».
Outre ce qu’il souligne de la nature foncièrement narcissique et destructrice de son initiateur, ce projet consistant à ne pas conserver en leur place les iconiques vitraux de Viollet-le-Duc pour y substituer, du fait du prince, des vitraux « contemporains », constitue une atteinte grave aux règles internationales en matière de restauration et de conservation du patrimoine historique.
Le texte de référence est la Charte de Venise de 1964 du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS). André Malraux, alors ministre de la culture du Général de Gaulle, fut un ardent défenseur de cette Charte et on sait combien il sut en tirer parti pour, entre autres, sauver le quartier du Marais à Paris contre les risques de destruction dont ce quartier ô combien historique de la capitale était alors l’objet.
Aux termes de la Charte de Venise, en particulier en ses articles 8 et 9, on ne remplace pas arbitrairement un élément patrimonial préexistant et qui est en bon état de conservation, ce qui est le cas des vitraux de Viollet-le-Duc, et quand bien même cet élément ne serait pas lui-même originel. C’est le principe fondamental de continuité et de succession des apports à travers les époques qui est ainsi mis en exergue. On est fondé à construire de nouveaux édifices ou à ajouter de nouvelles décorations à côté de ce qui existe, en plus, mais non à la place.
Il en résulte que la lubie du Chef de l’Etat, qui va à l’encontre de tous les avis et recommandations délivrés à l’unanimité par les organismes en charge de la préservation du patrimoine, est tout autant une hérésie barbare qu’une insulte adressée à tous ceux qui, en France et à travers le monde, se battent comme des lions pour sauvegarder le patrimoine de l’humanité et le transmettre intact à nos enfants.
La restauration exemplaire de la citadelle médiévale de Dubrovnik en Croatie, qui a été opérée dans les années 2000 après les désastres causés à ce joyau par la guerre en ex-Yougoslavie, n’est-elle pas un témoignage puissant, et ô combien émouvant, de l’importance qui s’attache pour l’humanité tout entière à transmettre intacts ses trésors ?
Et ce serait la France, mère des lumières, qui, du fait d’un caprice princier, viendrait à présent piétiner cette haute mission de civilisation et de mémoire ?! Une telle perspective est inadmissible aux yeux de tout Français digne de ce nom.
Que Macron s’inspire de ce qui a été fait à Dubrovnik, au lieu de songer à tout saccager, à tout enlaidir, à tout détruire. Son empreinte personnelle ne regarde que lui. Qu’il laisse donc Notre-Dame tranquille, à l’abri de ses fantaisies.
Et nous, Français amoureux de la grandiose histoire de notre pays et de son patrimoine, dont Notre-Dame sauvée des flammes est une icône intouchable, mobilisons-nous pour empêcher ce sacrilège !
Daniel Boone
Avocat à la Cour au barreau de Luxembourg