La contestation s’est développée au sein de la police nationale suite au placement d’un policier en détention provisoire (une mesure qui ne doit être ordonnée que si un contrôle judiciaire ou un bracelet électronique sont insuffisants pour assurer la sérénité des investigations durant l’enquête). Décidée ici pour éviter la concertation entre les mis en cause, n’est-il pas légitime de poser la question de sa nécessité, alors qu’ elle n’est appliquée qu’à l’un d’entre eux ?.
Le Directeur général de la police nationale et le Préfet de police de Paris, ont annoncé vouloir refuser des arrêts maladies posés en cette période, réfutant l’idée que les fonctionnaires concernés puissent être en situation psychologique fragilisée et niant ainsi la possibilité que la contestation soit révélatrice d’un malaise préexistant.
Déjà le 16 novembre 1991, 10 000 policiers ont manifesté pour dénoncer l’absence des moyens pour concrétiser des engagements pris pour moderniser l’institution. Présenté comme motivé par une demande de revalorisation salariale, ce mouvement a été caricaturé. Selon M. Rocard, la police devait être le « laboratoire de la réforme de l’administration », de fait, à cause de la faible capacité d’opposition au changement de personnels dépourvus du droit de grève.
Par la suite, mesures statutaires et indemnitaires ont été les réponses aux diverses périodes de tension, les problèmes de fond étant rarement abordées.
Les forces de l’ordre sont depuis des années sous pression (RGPP et application du principe de non remplacement d’un fonctionnaire sur 2 partant à la retraite, mobilisation contre les attentats, gilets jaunes, COVID, manifestations contre la réforme des retraites, émeutes de juin). En 2015, une étude révélait que 94 % des policiers ressentaient un malaise au travail. Pour beaucoup, la capacité d’acceptation des contraintes est arrivée à saturation, un phénomène dont l’importance est sous-estimée. La médecine de prévention est quasi inexistante et pour lutter contre les suicides, la mesure phare annoncée en 2019 se limitait à la possibilité d’organiser des barbecues dans les services.
Une porte-parole du gouvernement (Sibeth Ndiaye) ne sachant pas expliquer à ses enfants pourquoi on ne doit pas caillasser des policiers, un président parlant de faits inexplicables et inexcusables sans respecter la présomption d’innocence ; autant de propos qui ancrent l’idée d’une police mal aimée et désavouée par le pouvoir lui-même.
La contestation va certainement s’apaiser. Mais sans mesures répondant aux causes du malaise, nous connaîtrons de nouveaux épisodes de tension. La vague de démissions constatée en 2022 va alors se poursuivre et les viviers de candidats aux recrutement probablement se restreindre.
Répondre au malaise impliquerait de :
– conforter le sentiment d’utilité des policiers en donnant les moyens d’assurer efficacement leurs missions, en incluant les problématiques de la justice et le respect des droits des victimes.
– assurer ces effectifs du soutien de principe par la haute hiérarchie et les ” décideurs” (ce qui n’exclue pas la sanction des fautes individuelles dans le respect des droits de tous mis en cause).
– rénover les processus de gestion RH , pour une administration à l’écoute de ses personnels.
…. Autant de sujets pour lesquels avec Nicolas Dupont- Aignan nous avions fait des propositions concrètes.
(https://www.debout-la-france.fr/projet/securite-justice/)