Après un suspense savamment entretenu, le gouvernement vient de détailler les mesures de son plan pour l'automobile. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une fois encore la montagne a accouché d'une souris… Entre M. Sarkozy et M. Hollande, rien n'a changé. On recycle encore et toujours les mêmes recettes inefficaces et couteuses pour le contribuable. La différence est que l’État français n'a plus aucune marge de manœuvre budgétaire. Du coup l'ampleur dérisoire de ce plan ne va même pas avoir l'effet de ballon d'oxygène de celui présenté par le précédent gouvernement en 2008.
Aucune de ces mesures ne va permettre de relancer la filière automobile en France. Et en voici les raisons structurelles :
– l'augmentation du bonus écologique pour les voitures écologiques et hybrides. Ce bonus, qui a coûté cher à l’État depuis 2008, ne va pas vraiment servir la filière française. L'électrique et l'hybride réunis ne représentent que 1% des immatriculations en France. Surtout les voitures électriques fabriquées par Peugeot sont des voitures importées et ne défendent donc pas l'emploi en France. Par ailleurs l'électrique n'est pas l'apanage des marques françaises. On sait déjà que la marque allemande BMW commercialisera une gamme complète, très compétitive, 4 mois après le lancement de la gamme de Renault.
– l'achat par l’État uniquement de voitures "à usage urbain" électriques. L'État français achète déjà une majorité de véhicules de marque française, malgré les avis négatifs de la Commission européenne sur cette pratique. La vraie bonne nouvelle est que le gouvernement promet d’accélérer l'implantation de bornes de recharge des véhicules électriques et hybrides rechargeables,et de promouvoir l'industrie de la déconstruction et du recyclage. L'intention est louable mais le gouvernement ne donne aucune précision sur les moyens pour tenir cette belle promesse.
– les crédits d'investissement pour les sous-traitants et l'innovation. Il s'agit là encore d'une rustine sur un pneu crevé : 350 millions d'euros de crédits d'investissement d'avenir quand le précédent plan de 2008 s'élevait à 10 milliards d'euros. Certes le précédent plan n'avait rien résolu aux problèmes structurelles de l'industrie automobile en France, mais il avait eu le mérite de soutenir temporairement la filière.
– la mise sous surveillance de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et la Corée. Sur le papier, cette mesure parait aller dans le bon sens. Mais il s'agit là encore d'une déclaration d'intention puisque ni l'OMC ni l'UE, auxquelles le gouvernement est soumis, n'accepteront de geler cet accord.
Le plan de soutien à l'automobile n'est qu'un pansement sur un blessé grave. Il ne résout absolument rien aux problèmes de compétitivité de notre industrie. Pire, il n'effleure même pas le sujet. Or on peut faire tous les bonus-malus possibles, multiplier les promesses d'investissement d'avenir, mais toutes ces mesures dérisoires n'auront aucun effet tant que les ouvriers de l'automobile française seront mis en concurrence avec des ouvriers de pays où les salaires sont bien inférieurs et où surtout la filière est protégée par des droits de douane. Voilà la cause de l'hémorragie. Et nous ne pourrons la juguler qu'en protégeant enfin nos usines de la concurrence déloyale de ces pays. C'est le seul remède possible.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République