Tout d’abord, l’abstention. Près de 41% des électeurs sont restés indifférents ou ont choisi ce mode d’expression de leur écœurement ou de leur lassitude. Certes, ils ne représentent pas un « parti » et il convient de ne pas parler en leur nom, mais ils représentent tout de même ceux pour qui la politique est nulle. 41% !
Ensuite, mettons les pieds dans le plat. Le FN, légal ou pas ?
Bien évidemment la réponse est positive. Ce qui rend antirépublicain et dictatorial l’appel du matamore catalan faisant office de premier ministre. Honte à lui et par voie de conséquence honte à son gouvernement ! Ils croient sans doute avoir une fois encore repoussés les électeurs FN au fond de la poubelle d’où ils ne veulent pas les voir émerger. Mais la collusion maintes fois dénoncée est cette fois devenue réalité. Quelles conséquences pour la France en général et en 2017 en particulier ?
Au fait, si les électeurs du FN, dont je ne suis pas, sont à ce point indignes, pourquoi ne pas les affubler d’une étoile brune ? Et pourquoi continuer à collecter leurs impôts puisqu’on les rejette au fond du fond.
Les pantalonnades grotesques de JC. Cambadélis, notamment sur le réseau social Twitter, les écarts volontaires de langage de C. Bartolone, pourtant président toujours en exercice de l’Assemblée Nationale et dont la Commission Nationale des Comptes de Campagne et du Financement Public devra regarder avec attention le compte de campagne, définissent avec précision la place de ces responsables nationaux du PS. Des chefs de parti sectaires, souvent orduriers et insultants. Le retrait de leurs listes ne trompe personne, juste destiné à se donner une posture de seigneur alors que ce ne sont que de petits calculs politiciens à courte vue et courte pensée, tentatives pathétiques d’obliger les ex-UMP envers eux. « …de petites soupes… » aurait dit le Général, s’il est encore permis de le citer, même partiellement.
Donc puisque le FN est légal, « républicain » puisque la République c’est (entre autres) la Loi et la plus fondamentale, la Constitution ; puisque le FN est républicain et constitutionnel, en quoi est-il moral aujourd’hui pour les ex-UMP d’être élus avec les voix de la gauche et de l’extrême-gauche quand cela a été refusé à Ch. Millon, J. Blanc, Ch. Baur, JP. Soisson et B. Harang avec les voix de l’extrême-droite ?
Les voilà donc tous qui se présentent comme les garde-fous anti-FN. C’est non seulement risible, mais grotesque. Sans l’appoint (toute honte bue) des voix de la gauche sectaire et extrême, ils en auraient été incapables. Ils en sont donc aujourd’hui les otages.
Où est donc la cohérence politique ? D’ailleurs, X. Bertrand et Ch. Estrosi nous inventent des nouveautés non constitutionnelles : ils n’envisagent pas moins de créer des « assemblées » où la gauche disparue du scrutin pourrait être représentée… ??! Mais c’est prendre l’ensemble du corps électoral pour des abrutis. Ces « assemblées », comme d’ailleurs les « primaires » internes, ne sont que des coups de com’, des constructions non constitutionnelles donc fondamentalement illégales, sans valeur, sans moyens, sans autorité, uniquement destinés à occuper l’espace et le temps médiatiques.
Alors où en sommes-nous à l’issue de ces Régionales 2015 ? Non seulement la réforme territoriale a créé ces nouveaux « länders » français immenses niant la réalité des terroirs, mais elle a servi de prétexte au déplacement des dates du scrutin en décembre, juste avant les fêtes. Et comme cela ne suffisait pas, le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que d’y intercaler une réunion internationale majeure, la COP 21.
De campagne électorale expliquant les enjeux pour les citoyens, il n’y en a pas eu. Et c’était le but poursuivi évidemment car le pouvoir socialiste ne craint rien tant que l’expression souveraine du peuple dans l’élection.
Pire encore, à part les tambouilles électorales uniquement destinées à se répartir les places, de France il n’a jamais été question ! Et c’était là aussi le but.
C’est même devenu une constante au fil de tous les scrutins nationaux : on enferme l’électeur dans des débats techniques afin de le noyer dans la complexité sans jamais lui proposer des objectifs simples, clairs et peu nombreux.
Sous-entendu : « si c’est simple, voire simpliste, c’est que c’est populiste… ».
Le FN a donc été écarté des présidences de région par une collusion UMPS qui ne peut plus être niée. Cela va-t-il améliorer le quotidien des Français ? Non.
On m’opposera que l’inverse l’aurait gravement dégradé ; peut-être…
Notre pays va-t-il demain mieux prodiguer à ses citoyens la sécurité qu’ils sont en droit d’exiger ? Ce serait trop simple, voire simpliste me répondra-t-on.
Ainsi donc sous couvert d’accents de fausse modestie, ils pérorent tous, droite et gauche confondues, mais le répit ne sera que de courte durée ; jusqu’au prochain déferlement de violence aveugle (que je souhaite le plus lointain possible) mais en tout cas pas plus de 5 mois car dès avril 2016, au plus tard, les ravages de la campagne de la seule élection strictement proportionnelle, la Présidentielle, s’étaleront au grand jour.
Le parti « des carpes et des lapins », les ex-UMP, va-t-il continuer à agréger des ego aussi éloignés les uns des autres que les Juppé, Kosciusko-Morizet, Apparu, Bertrand, Lemaire, Wauquiez, Luca, Mariani, Myard, Meunier et Guaino ? Et le PS ? De Macron à Taubira en passant par Dray, Cazeneuve, Sapin, Le Drian, Le Foll, Le Roux et Le Guen? Et les « marrons », écolos de couleurs verte et surtout rouge ?
Tous ces groupes sont uniquement liés par l’intérêt des places qu’ils gèrent et sans plus aucun respect des électeurs de base auxquels on ne s’adresse plus aujourd’hui que sur le mode de l’invective et de la peur, et qui doivent se sentir bien seuls, orphelins au soir du 13 décembre 2015.
Et le FN ? Va-t-il enfin comprendre qu’il est le repoussoir idéal qui permet de stériliser les voix portées sur son nom car ses positions et son isolement (volontaire ?) l’empêchent de gravir la dernière marche. A tel point que là où il est présent, comme en 1998 et à chaque fois depuis, des majorités relatives suffisent (aux autres) à prendre le pouvoir.
Dans ces jeux malsains de billard à 3 bandes mais à 2 en-but seulement, les apparences de la Démocratie sont sauves.
Mais la France à l’international comme en interne, mais le pays réel – ceux qui souffrent et ne peuvent fuir – continue de hurler sa situation qui se dégrade.
Si les partis novateurs comme Debout La France continuent d’être étouffés par les media du système ou volontairement agrégés aux extrêmes, alors oui, la guerre civile évoquée ne sera pas qu’un épouvantail de matamore.
Et quand bien même la France serait-elle, comme dans leurs rêves les plus fous, dissoute, cela n’empêchera pas hélas sa terre de se gorger de sang !
En cette soirée électorale, ils pérorent, ils pérorent tous, mais ils ne nous voient plus. Et parce qu’ils s’aveuglent volontairement, ils resteront à jamais ce qu’ils sont aujourd’hui : des incapables qui pérorent.
Patrick Mignon
Vice-président de Debout La France