Bruno Le Roux, ” patron ” du groupe socialiste à l’Assemblée, a cru devoir s’en prendre à Nicolas Dupont-Aignan et à ses propositions face au flux des migrants. Patrick Guiol, conseiller national Debout La France, vivant en Grèce une partie de l’année et voyant de près la réalité que méconnaît Bruno Le Roux, lui répond ouvertement.
Bruno Le Roux fustige Nicolas Dupont-Aignan parce qu’il dénonce le système Schengen « qui s’effondre devant nos yeux »… Il ferait mieux lui, d’ouvrir les yeux. Qu’il vienne donc à Leros, où j’ai vécu d’avril à octobre, et il changera d’avis. Leros, où Nicolas Dupont-Aignan a eu le mérite, lui, de se déplacer. Qu’il vienne voir à quel point les autorités locales sont débordées malgré leur bonne volonté. Elles font tout leur possible, mobilisées 7 jours sur 7 depuis l’été. A partir de fin septembre, début octobre, elles en sont venues à installer des tables de bois et de simples chaises d’écoliers dans la rue du commissariat du port de Lakki pour établir des bureaux de fortune destinés à accélérer les procédures d’enregistrement (voir photo dans le précédent message). C’est dire à quel point le flux croissant des nouveaux arrivants est important. Comment, dans ces conditions, espérer un filtrage ? Un filtrage à la hauteur du danger. Bruno Leroux aurait honte de ses propres paroles s’il s’était confronté à cette réalité.
Au printemps, la vedette des coast-guards effectuait une vacation par jour, de 70 migrants en moyenne. A la fin de l’été, elle était secondée par d’autres bâtiments de la marine grecque plus imposants, et c’était entre 3 et 4 vacations par jour avec des arrivages de 200 migrants par vacation parfois. Ces navettes étaient devenues d’une telle banalité que le quotidien des habitants de Lakki était ponctué des deux longs coups de sirène que donnaient ces navires avant chaque arrivée. Ils préviennent ainsi les autorités locales à terre qu’ils amènent du monde. Selon toute probabilité, le kamikaze qui s’est fait exploser près du stade de France a été pris en charge officiellement à bord de l’un de ces bâtiments de la marine nationale grecque ! Pourquoi donc monsieur Le Roux? Parce qu’il faut savoir que les migrants qui débarquent à Leros n’y arrivent pas directement, et pas par leurs propres moyens. En réalité, ils débarquent sur les côtes d’un petit îlot inhabité, Farmakonisi, à 4 milles des côtes turques. Ce n’est qu’ensuite qu’ils sont pris en charge par les autorités grecques qui les rapatrient 15 milles plus loin, soit à Leros, soit à Agathonisi, à bord de ces bâtiments de la marine grecque. Bruno Le Roux appréciera, sans doute, cette ironie de l’histoire ? Puisse-t-elle l’éclairer sur sa confiance immodérée dans le bouclier de Schengen.
Alors oui, nous sommes, avec Nicolas Dupont Aignan, des « pourfendeurs » de l’Europe post-maastrichtienne ! Car nous sommes convaincus que cette construction idéologique supra-nationale est le meilleur moyen de conduire l’idée européenne à l’échec. Chaque jour, les citoyens s’en rendent compte un peu plus clairement: socialement, culturellement, et militairement.
Pour notre part, nous n’avons cessé de tirer la sonnette d’alarme. C’est pourquoi, l’expression utilisée par le Député PS de « croisé anti-européen », outre qu’elle est affligeante de stupidité, renvoie au discours des djihadistes et cela ne lui fait pas honneur.
Quant au premier ministre, qui avait un temps pris la hauteur de l’évènement, qu’a-t-il dit ? « Si l’Europe n’assume pas ses responsabilités, alors en effet, a dit le Premier ministre, c’est tout le système Schengen qui sera remis en cause ». Mais, comment ne voit-il pas que c’est déjà ce qui s’est passé ?! Que veut-il de plus ? 500 morts ?
En demandant en outre « que chaque pays frontalier de la France joue pleinement son rôle, assume ses responsabilités », le Premier ministre, non seulement ne fait que reculer pour ne pas sauter, mais se prend les pieds dans ses contradictions au terme d’un bien malheureux rétropédalage. Si l’espace Schengen est maintenu en l’état comment imaginer un contrôle aux frontières des pays frontaliers de la France ? Puisque par définition, ces frontières n’existent plus et que seules persistent les frontières extérieures de l’espace européen. Or, on le sait bien, la France n’a pas de frontière commune avec la Grèce… Qu’il mette l’UE sous pression, qu’il refile la patate chaude à Bruxelles, ce n’est pas cela qui va le dédouaner de ses responsabilités vis-à-vis des victimes.
Patrick Guiol
Conseiller national DLF