On dit de lui que les conquêtes sociales ne repoussent pas après son passage. Aujourd’hui, il finit son deuxième mandat à la tête de l’OMC et François Hollande a déjà rendu hommage à ce membre du Parti Socialiste dont il a salué « tout le travail accompli ».
Austéritaire, cupide et menteur
Pascal Lamy, c’est ce technocrate qui disait que le niveau des salaires était trop élevé en France et appelait à une baisse du SMIC, mais qui, en pleine crise économique, en 2009, avait demandé une augmentation de 32% de son salaire, pourtant déjà confortable, de 480 000 francs suisses, bien plus que le président de la République ! Heureusement, les principaux pays de l’OMC avaient refusé cette demande totalement ubuesque qui illustre bien la déconnection de certaines élites d’avec la vie de l’immense majorité de la population. Comment peut-on avoir l’indécence de demander une telle augmentation de sa rémunération en pleine crise et après avoir plaidé pour une baisse des salaires ?
Il s’était également illustré en début d’année 2013 en proférant des mensonges caractérisés : « les Chinois sont payés 5 fois moins que les Français, mais les Chinois sont cinq fois moins productifs que les Français, et comme ce qui compte, c’est la productivité horaire, il ne faut pas déduire que les Chinois font du dumping social ». Il faut quand même être d’un cynisme incroyable pour nier à ce point une évidence qu’il connaît si bien. Si cela était vrai, pourquoi l’immense majorité des vêtements, jouets ou gadgets électroniques que nous achetons sont fabriqués en Chine ? Si c’était le cas, le transport rendrait les importations chinoises non compétitives. En fait, un rapport du CAIRN affirme que le coût salarial unitaire de la Chine est trois fois moindre que celui de l’Allemagne (et six fois moindre pour l’Inde).
Symbole de ce qu’est le Parti Socialiste
En fait, Pascal Lamy est un symbole de ce qu’est le Parti Socialiste. La différence étant que comme il est un haut fonctionnaire qui n’a pas à répondre aux électeurs, il peut se permettre de dire tout ce qu’il pense tout haut, contrairement aux hiérarques eurolibéraux du gouvernement, qui doivent tout de même un minimum donner le change et ne peuvent donc pas dire qu’ils trouvent en réalité le niveau du SMIC trop élevé, ce qui explique que le coup de pouce donné en 2012 ait été si ridicule, 0,6%, trois fois que ce qu’avait fait Jacques Chirac en 1995, ce qui en dit long sur le caractère social du PS.
Tout le problème est illustré dans les propos de François Hollande pour qui il « a contribué pleinement à la lutte contre le protectionnisme, que la crise avait rendue d’autant plus indispensable ». Non seulement, on retrouve cette naïveté stupéfiante, qui consiste à oublier que presque tout le monde se protège : l’Allemagne (par les normes DIN), les Etats-Unis, de manière sélective (pneus, acier), l’Asie (ce qui est au cœur de leur modèle de développement) ou l’Amérique du Sud. En outre, il est effarant de ne pas comprendre que la mise en concurrence de notre industrie est proprement suicidaire avec des salaires 5 à 10 fois plus élevés que l’Europe de l’Est, l’Afrique du Nord ou l’Asie du Sud-Est.
Le départ de ce technocrate apatride, antisocial, et dogmatiquement néolibéral est donc une bonne nouvelle. Mais il faut aussi en tirer une leçon, à savoir que le PS est irrécupérable, contrairement à ce que pensent encore quelques optimistes. Car Pascal Lamy dit tout haut ce que beaucoup disent tout bas.
Laurent Pinsolle
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national au Patriotisme économique et à l’Équilibre des Comptes publics