Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, annonce ce mardi sa candidature à la présidentielle de 2017. Il ne participera pas à la primaire à droite.
Parce qu’il rejette à la fois la ligne politique des Républicains et les méthodes du Front national, le député-maire de Yerres et président de Debout la France se lance dans la présidentielle. Sans passer par la case « primaires ». Avec des mesures concentrées sur l’ordre et la justice sociale.
EntretienVous êtes donc candidat pour 2017. S’il y avait une raison, une seule, comment la formuleriez-vous ?
Rendre la France à la majorité silencieuse, aux honnêtes gens, contre qui tous les gouvernements agissent depuis tant d’années. Je suis convaincu qu’une autre politique est possible.
Pourquoi n’avoir pas choisi de participer à la primaire de la droite ?
Parce qu’elle est une compétition pour sélectionner le projet des Républicains. Le projet des Républicains est le bilan désastreux de dix années de pouvoir de 2002 à 2012. Notre projet est tout simplement différent !
C’était pourtant votre famille !
Justement, j’ai quitté l’UMP en 2007, parce que j’étais en désaccord avec la ligne politique qui est la cause de l’échec de Sarkozy-Fillon, de la victoire de la gauche et de l’essor du Front national.
Que répondrez-vous à ceux qui vous reprocheront d’affaiblir votre camp?
Ce qui affaiblit notre camp, c’est notre incapacité à nous renouveler. Nous sommes le seul pays au monde qui recycle indéfiniment un président, un Premier ministre, des ministres qui ont ruiné le pays : explosion de la dette, flux migratoires, chômage de masse…
On n’est absolument pas condamné au piège monstrueux que l’on a vu aux régionales : soit on continue avec les mêmes, soit on proteste avec un parti qui finalement ne gagnera jamais.
À combien estimez-vous le poids de votre parti, Debout la France ?
Aux régionales, on a eu exactement le même nombre de voix que le Front de Gauche ou les Verts.
Est-ce que l’urgence n’est pas à rassembler ?
L’incapacité à réformer tient au fait que les Français ne sont pas associés aux choix et qu’une oligarchie parisienne gouverne pour son intérêt propre et non pour l’intérêt du peuple. Tout le thème de mon livre (1) c’est d’expliquer comment je vois une société de participation. On ne redressera la France qu’avec les Français : référendums, réforme du système politique, réduction du nombre de parlementaires, dose de proportionnelle, vote obligatoire, renégociation des traités européens.
Entre le Front national et les Républicains, quelle est votre spécificité ?
Je veux faire le ménage que ne feront jamais les Républicains. Mais je ne le ferai jamais de la même façon que madame Le Pen. Parce que je suis gaulliste. Parce que le gaullisme, c’est l’indépendance de la France.
Différence économique d’abord…
Je veux relocaliser un million d’emplois, avec des recettes sérieuses. Je veux relancer la consommation et le pouvoir d’achat en baissant les charges sociales sur la feuille de paie. Le problème de fond de nos entreprises, c’est le carnet de commandes. À force de réduire les salaires, on a créé une panne de consommation.
Pour rapprocher le salaire net du salaire brut, je propose une augmentation de 10 % pour tous les salariés par une baisse d’un tiers des charges sociales. Il fallait baisser les charges. Mais s’il n’y a plus de consommation, le pays est à l’arrêt !
Que vous financez comment ?
40 milliards d’euros : c’est ce que l’on a donné aux entreprises en baisses de charges ! Je les finance par la suppression de l’assistanat, la lutte impitoyable contre les fraudes, contre la grande fraude fiscale internationale.
Ma première priorité c’est de récompenser le travail et de donner un coup de pied aux fesses aux fainéants, pour créer un climat. Deuxième point : il faut que cet argent ne fasse pas importer des produits étrangers. Pour relocaliser un million d’emplois, il faut réformer le système des aides aux entreprises : bonus pour les entreprises qui investissent en France, malus pour celles qui délocalisent et emploient des travailleurs détachés. Par une mesure simple : la division par deux de l’impôt sur les bénéfices réinvestis sur le sol français.
Dans une phase transitoire, vous aggravez les déficits sociaux ?
Non ! Il y aura moins de cotisations la première année. Mais, très vite, le supplément de pouvoir d’achat va amener des recettes de TVA et le reste est financé par la lutte contre les abus et l’assistanat.
Je propose de supprimer une partie de l’Aide médicale d’État, de créer un délai de carence de 4 ans pour l’octroi du RSA aux étrangers, de faire la chasse à la fraude à la carte Vitale, au RSA, à la mafia et à la fraude à la TVA qui nous coûte 20 milliards par an ! Ma mesure reste raisonnable.
Nicolas Sarkozy, lui, propose 100 milliards de baisse d’impôt. Au profit de qui ? Des plus riches ! Je ne veux pas de cela. Moi, je serai le candidat de l’ordre et de la justice sociale. Le monde politique a oublié le peuple, a oublié que l’on ne peut pas vivre avec 900 € par mois. Si j’étais culotté, mon slogan serait l’ordre juste !
Par rapport aux autres, quelle est votre Europe ?
C’est très simple : l’Europe du général de Gaulle, des coopérations sur des beaux projets. Ce qu’on a fait avec Airbus, je veux le faire pour la lutte contre le cancer, l’énergie propre, la voiture propre…
Mais à géométrie variable ?
Totalement à géométrie variable, car l’Europe à 28, c’est notre mort.
Vous imaginez une Europe à géométrie variable face à la crise migratoire ?
Autour de trois idées. Il faut, plutôt que de donner 1 000 milliards aux banques, un plan européen d’aide à l’Afrique pour stabiliser les populations. Il faut une coopération pour accueillir les réfugiés dignement en périphérie de l’Europe et ensuite les renvoyer chez eux.
Et nous avons le devoir de rétablir nos frontières nationales pour éviter que les migrants arrivés en Allemagne viennent chez nous. Ce qui suppose de renégocier les accords européens. Nicolas Sarkozy avait ouvert des chapitres de négociations avec la Turquie. Mais François Hollande qui cède à Angela Merkel sur les négociations avec la Turquie est une pure folie. Et la décision de supprimer les visas pour 80 millions de Turcs, c’est précipiter l’Europe dans le chaos migratoire.
L’Europe nous appartient. On n’a pas à en partir, mais on n’a pas à la subir.
Les clivages sont-ils toujours droite-gauche ou d’une autre nature ?
Ca dépasse de très loiVn la droite et la gauche. Mais l’une et l’autre ont choisi la même cage européenne, peinte en rose ou en bleu ! Monsieur Macron pourrait être ministre de monsieur Sarkozy ! Aujourd’hui, les Français veulent un candidat qui s’occupe des Français.
Voir l’article sur le site : http://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle-2017-nicolas-dupont-aignan-candidat-de-lordre-juste-4097179
(1) France, lève-toi et marche, chez Fayard (19,50 €)