Selon le bilan sur l’insécurité et la délinquance publié le 31 janvier , après plus 9% en 2022, les homicides étaient en hausse de 5% en 2023 . Il s’agit principalement de faits liés aux trafics de stupéfiants (selon les propos du Directeur général de la police nationale, le 27 novembre devant une commission d’enquête du Sénat). Face à cette situation, les opérations place nette nous sont présentées comme une mesure miracle (des contrôles de parties communes et d’identité, avec des effectifs conséquents, des chiens spécialisés en recherche de stupéfiants et la collaboration de divers services douanes/polices municipales/ bailleurs ..).
Plus de 1700 interpellations auraient déjà été réalisées dans ce cadre. Habituellement, lors d’opérations de contrôle, il s’agit principalement de consommateurs, d’usagers revendeurs et de récalcitrants auteurs d’outrages/rebellions. L’interpellation de plus gros « poissons » n’est guère envisageable, car elle nécessite le recueil préalable d’éléments de preuves généralement obtenus à l’issue d’investigations longues et complexes. Ces résultats sont aussi à comparer aux 700 personnes liées aux trafics de drogues, interpellées en moyenne chaque semaine en 2023 (chiffre donné par le ministre de l’intérieur le 21 janvier 2024).
Loin d’être nouvelle, la démarche a été initiée dans les années 70 avec les opérations coup de poing, aux quelles ont succédé les SLIC (Structures légères d’intervention et de contrôle). Accroître la visibilité des policiers et des gendarmes permet de rassurer une part de la population et de déstabiliser les trafics.
Mais déstabiliser n’est pas éradiquer. Les produits continuent à arriver en quantité sur le territoire national. Les consommateurs recherchent les lieux de vente moins exposés à la présence policière. Les points de deal se déplacent et/ou se reconstituent après le départs des renforts policiers . Les trafics se réorganisent.
Aller à l’encontre du discours officiel en évoquant les limites d’une politique principalement axée sur des contrôles renforcés, semble peu apprécié (recadrage par le garde des sceaux de magistrats s’étant exprimés devant la commission du Sénat, mise à pieds du directeur de rédaction de «La Provence » qui avait repris en une les propos d’un habitant d’une cité).
La prise en compte de ces observations permettrait pourtant d’envisager des plans d’actions plus efficaces , intégrant entre autres :
- la visibilité de la présence policière à long terme
- le renforcement des capacités d’investigation des services d’enquête
- l’effectivité des sanctions (peines planchers, construction de places de prison, expulsion des trafiquants étrangers, déchéance de nationalité pour les binationaux …)
- des réponses aux difficultés socio-économiques des secteurs gangrenés par les trafics, pour réduire l’attractivité de l’entrée dans les circuits d’économie parallèle.
- des réponses aux difficultés spécifiques de la jeunesse, pour réduire la tentation de trouver l’oubli dans la consommation de produits illicites. Sans consommateurs : pas de trafic !
Sur ces divers points, avec Nicolas Dupont-Aignan nous avions fait des propositions concrètes dans le cadre du programme présidentiel 2022.
En l’ absence d’un plan d’action plus large (comme souligné également par le Syndicat de la magistrature le 26 mars) les opérations place nette ne peuvent être que des pichenettes.