Il y a quelques jours, l’émission Dimanche Plus de Canal Plus a fait un nouveau reportage sur le mauvais feuilleton de l’interdiction des OGM puisqu’il semblerait que Monsanto pourrait bien lancer la culture de son maïs transgénique MON 810 malgré l’opposition du gouvernement.
Un mauvais feuilleton interminable
Cela fait maintenant près de quatre ans que je parle de cette interminable affaire de la commercialisation du maïs Monsanto. Le gouvernement s’y est opposé. Puis, la Commission a cherché à interdire l’interdiction de quelques semences en ayant recours aux procédures ubuesques de Bruxelles, qui lui permettent de faire passer des décisions à moins qu’une majorité qualifiée ne s’y oppose (ce qui signifie qu’elle l’emporte sur une simple majorité, une monstruosité démocratique).
Heureusement, une large majorité d’Etats s’est opposée à la décision, renvoyant les commissaires à leurs chers lobbys, comme le montrait bien le reportage de Canal Plus. Mais, devant son incapacité à faire plier les gouvernements, Monsanto a demandé l’avis de la Cour de Justice Européenne, qui a bien évidemment décidé de lui donner raison. C’est en s’appuyant sur cet avis que le Conseil d’Etat a décidé en début de semaine dernière d’autoriser la culture du fameux MON 810.
Naturellement, la réaction du gouvernement ne s’est pas faite attendre. Devant l’opposition des Français, il a assuré que l’interdiction se poursuivrait en 2012. José Bové, sur Canal Plus s’est étonné de cette décision étant donné que tous les partis sont d’accord pour s’y opposer. Aujourd’hui, un grand flou persiste et il est difficile de savoir ce qui va en sortir. La perspective des élections présidentielles devrait permettre d’éviter la mise en culture, mais tout reste très confus.
La vraie cause des problèmes réside à Bruxelles et Luxembourg
Il est pour le moins paradoxal de voir les hommes politiques s’agiter de la sorte pour dénoncer les conséquences des traités qu’ils ont pourtant ratifiés. Car c’est tout de même Nicolas Sarkozy qui a permis l’adoption du traité de Lisbonne, violant l’avis démocratique exprimé par les Français le 29 mai 2005. Rien ne l’empêchait alors de négocier un nouveau traité qui aurait permis à un gouvernement de protéger son principe de précaution pour éviter la culture d’OGM sur son sol.
Mais non, il a capitulé à Lisbonne en acceptant un TCE bis qui permet justement à Monsanto d’utiliser les rouages indéfinis offerts par les traités européens pour essayer de passer outre l’avis des peuples et des gouvernements en même temps ! Car cette histoire d’autorisation de culture et commercialisation du MON 810 démontre bien la monstruosité de cette construction européenne qui permet aux multinationales de passer outre l’avis des gouvernements élus.
Bien sûr, Nicolas Sarkozy s’agite pour retarder une échéance qu’il a pourtant largement contribué à construire… Dans la réalité, le problème vient de cette construction européenne ubuesque. Si les Français ne veulent pas des OGM, de même que leurs représentants, leur culture devrait être interdite. Point barre, c’est comme cela que fonctionne la démocratie. Et cela est d’autant plus légitime que des scientifiques comme Gilles-Eric Séralini remettent en cause leur non toxicité.
A ce titre, la conversion européiste de José Bové, illustrée par son livre avec Jean Quatremer, démontre ici toutes ses limites. C’est bien le machin européen qui cherche à nous imposer des OGM dont presque personne ne veut en France.
Laurent Pinsolle,
Porte-parole de la campagne présidentielle