Il y a trois ans dans le même Toulon, Nicolas Sarkozy promettait de la discipline : pour les fonds spéculatifs, pour les banques, pour les paradis fiscaux.
Après voir échoué dans tous ces domaines, il réclame maintenant la même discipline, mais cette fois-ci pour les Etats, c’est dire pour les budgets sociaux et pour les citoyens.
Il promettait de défendre et de redresser la France, il veut maintenant lier son sort à une fausse Europe, rabougrie mais soi-disant renforcée, qui marcherait d’un seul pas, celui voulu par la Chancelière Angela Merkel. Qui pourrait reprocher à cette dernière de défendre les intérêts de l’Allemagne ? Mais est-ce l’intérêt de la France ?
L’Allemagne vit d’un budget excédentaire grâce à une industrie prospère qui à joué la carte d’un développement d’abord dans le cadre de l’Europe en s’appuyant sur une délocalisation essentiellement limitée à l’Europe de l’Est, et aussi, ne l’oublions jamais, par une politique de compression salariale drastique. Mais qui a poursuivi la politique de mort de l’industrie française en la laissant libre de continuer à délocaliser dans les pays émergents hors zone Euro et hors de l’Europe, sinon Nicolas Sarkozy lui-même ?
Il voudrait maintenant, en faisant plaisir à l’Allemagne par l’acceptation de la “règle d’or” budgétaire, lui faire accepter un peu plus de solidarité dans la gestion de la dette des Etats et la convaincre de laisser la BCE jouer un rôle de soutien aux Etats et à la croissance . Mais qui a lié les mains de la France dans le Traité de Lisbonne, en foulant aux pieds le vote populaire de 2005, dès lors que ce traité à renforcé et gravé dans le marbre l’interdiction à la BCE de financer les Etats et à limité son rôle à empêcher l’inflation, sinon Nicolas Sarkozy ?
Le candidat-président des promesses non tenues à passé lui-même un nœud coulant au cou des Français, de leur niveau de vie, de leur économie, de leur protection sociale. Il propose maintenant de serrer encore un peu plus la corde. Pour la France, pour la plupart des autres pays européens, c’est la garantie assurée d’une récession économique de longue durée. Pour l’Allemagne, c’est à court terme l’assurance de sa domination en Europe. Mais que deviendra sa propre économie dans une Europe exsangue ?
L’avenir de l’Europe, c’est la relance conjointe de l’ensemble de ses économies et non le triomphe sans lendemain de l’Allemagne. La dette des Etats n’est un problème que si elle continue à remplir le tonneau sans fond d’économies qui ne peuvent plus faire face à la concurrence déloyale et insoutenable des pays à bas salaires. Elle est au contraire un atout si l’argent emprunté sert à relancer la machine pour retrouver de la croissance. Mais pour cela, il ne faut pas rogner la puissance publique, il faut retrouver de la souplesse monétaire, il faut retrouver une protection économique aux frontières.
Au lieu de cela, Nicolas Sarkozy invite la France à une marche funèbre suicidaire. Le Parti socialiste pourra user de toute la démagogie dont il est capable, il ne propose rien d’autre, et sans le soutien de sa majorité à tous les traités qui ont aboutit à cette politique pseudo-européenne, nous n’en serions pas là.
Nous sommes au pied du mur : soit nous changeons de cap, exigeons de l’Allemagne une politique de croissance pour tous qui implique une souplesse économique et monétaire pour des économies différentes, soit nous nous condamnons à une austérité pour longtemps qui n’aura comme seule arme qu’une dictature « européenne » au dessus des peuples et des Nations.
François Morvan
Vice-Président de Debout la République