Alors que se tient vendredi et samedi l’université d’été de son parti Debout la France, à laquelle se rendra Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan répond au Figaro sur l’avenir de l’alliance des souverainistes et les solutions pour sortir des crises migratoire et monétaire.
LE FIGARO : Vous avez convié Jean-Pierre Chevènement à votre université d’été, qui a accepté. Que signifie ce rapprochement ?
NICOLAS DUPONT-AIGNAN : La maison brûle. La France connait une crise sociale, économique, d’autorité et de sécurité sans précédents. Et les pompiers ne devraient pas se parler sous prétexte qu’ils appartiennent à des bords différents ! Un homme d’Etat comme Jean-Pierre Chevènement mérite d’être écouté, car comme nous à droite, il avait mis en garde sur l’impasse des politiques menées dans notre pays depuis des années. Le déni de réalité dans lequel sont enfermés les socialistes et une partie de la droite quant à l’impuissance publique causée par Bruxelles met en danger notre pays. Le système Schengen provoque un chaos migratoire qui va engloutir l'Europe. Il n’y a pas de reprise économique et le chômage augmente. Une nouvelle offre politique, rassemblant un maximum de patriotes doit présenter une alternative à la décrépitude actuelle. Je m’y emploie en proposant avec mes amis de Debout la France un projet de redressement national pour doper la compétitivité des entreprises, réanimer l’école publique, rétablir l’ordre public et maîtriser enfin l’immigration. Viendront s’y agréger ceux qui veulent.
Quels sont les enseignements à tirer de la crise grecque ? Pensez-vous réussir là où Tsipras a échoué ?
Le dernier plan d’aide de 90 milliards d’euros à la charge des contribuables européens ne va en rien régler la situation de faillite de la Grèce. Je persiste et je signe : ce pays n’a pas la compétitivité pour supporter une monnaie aussi forte que l’euro. Quant à la France, Il nous faut débrider son moteur économique en maîtrisant la dépense publique et en baissant les charges des entreprises. Mais cela ne suffira pas si nous ne transformons pas l’euro, comme le propose d’ailleurs Jean-Pierre Chevènement, d’une monnaie unique en une monnaie commune, flexible et ajustable. Cela doperait les entreprises, qui pourraient exporter plus et créer de l’emploi.
Que proposez-vous pour sortir de la crise migratoire ?
Je propose un référendum d’initiative populaire (comme prévu par l’article 11 de notre Constitution) pour le retour des frontières nationales. C’est une urgence absolue. Le système Schengen est déresponsabilisant pour les pays ayant des frontières extérieures (Grèce, Italie) qui savent qu’ils ne sont qu’un espace de transition pour des migrants qui rêvent de gagner la France et ses prestations sociales ou l’Allemagne et ses emplois. Si on ne fait rien, ce seront plus d’un million de migrants supplémentaires dans l’Union européenne en 2015 ! Contrôler nos frontières permettra aussi d’éviter aux djihadistes de retour de Syrie de transiter librement comme aujourd’hui avec leurs armes et leurs idées mortifères dans toute l’Europe. Ces individus devraient être incarcérés ou expulsés. Nous sommes gouvernés par des limaces, totalement dépassées par les évènements. Si nous obtenons les 4,5 millions de signatures nécessaires, le gouvernement sera obligé d'organiser un référendum redonnant ainsi la parole aux Français qui sont majoritairement pour le retour aux frontières nationales. Il faut également soutenir Bachar El-Assad pour élimiter Daesh.
Vous avez souvent présenté la présence de Jean-Marie Le Pen comme un obstacle à une possible alliance avec le Front National. Son exclusion du parti change-t-elle la donne ?
La moitié des Français ne veulent plus aller voter car ils refusent comme moi ce choix réducteur entre d’un côté le système politique PS/Républicains et de l’autre le FN. Ils attendent, j’en suis convaincu, une autre offre politique proposant une vraie rupture sans pour autant partir à l’aventure. Comme gaullistes, à Debout la France, nous proposons un patriotisme de rassemblement avec un programme économique sérieux.
Etes-vous optimiste ?
Les Français qui subissent au quotidien le chômage, l’insécurité et l’immigration massive commencent à nous donner raison car ils comprennent combien il est vital pour traiter les problèmes de notre pays de récupérer la maîtrise de nos frontières, de nos lois, de notre monnaie et de notre budget. La France a tous les atouts pour réussir dans la mondialisation. Encore faut-il des hommes courageux et réfléchis à la tête de l’Etat qui osent prendre les décisions qui s’imposent pour sauver le pays. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.