Cette semaine, Gerberd Rambaud, nouveau Président départemental de la fédération DLR du Rhône, publie une tribune dans le magazine "Valeurs Actuelles". Face à la pression fiscale, de plus en plus de talents et de richesses quittent la France. S'il reconnait que cette émigration a plusieurs fois saigné le pays, cette fois la saignée risque bien de nous laisser à terre.
Tribune dans Valeurs Actuelles : Notre nation perd son sang
La France a cette constante d’être un pays riche mais qui régulièrement perd une partie de ses richesses à la suite de choix politiques absurdes. Comme lors de la révocation de l’édit de Nantes, allons-nous revivre la même fuite des élites ? Qui a dit que l’Histoire ne se répète jamais ? À l’école du matérialisme historique, Marx croyait, en effet, en un sens de l’Histoire et donc dans l’impossibilité qu’elle se répète. Mais Thucydide, au contraire, dans cette sagesse que les Grecs anciens pouvaient souvent développer, affirmait que l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement. Et les temps modernes tendent à donner raison à Thucydide plutôt qu’à Marx.
La France a cette constante d’être un pays riche mais qui, régulièrement, perd une partie de ses richesses à la suite de choix politiques. On songe de prime abord à ces conquêtes hasardeuses, comme le Canada, la Louisiane, l’Afrique du Nord, avec des dépenses publiques lourdes, des Français qui vont s’y installer, et un coût final important pour la France. Le Canada produira ses fruits pour les Anglais. La Louisiane n’a jamais été payée après sa vente par Bonaparte, et plus de 200 000 Français ont dû changer de nationalité. Le Maghreb coûta cher en infrastructures, en guerres, en décolonisation, en rapatriement.
Mais il est un autre domaine où la France aussi perd sa richesse, et ce lors de grands mouvements de société. La révocation de l’édit de Nantes, en 1685, provoqua l’exil des huguenots, soit 300 000 Français qui ont créé des emplois d’artisan, des sociétés, des banques en Angleterre, en Suisse, dans les principautés germaniques, aux Pays-Bas, dans les colonies britanniques ou néerlandaises. Ces exilés religieux sont partis avec leur force de travail, leur esprit, leur argent, appauvrissant la France d’alors.
Pendant la Révolution, plus de 140 000 nobles quittent la France pour sauver leur vie. Ils émigrent au Royaume-Uni, en Prusse, en Suisse, comme les protestants au siècle précédent. Ils sont issus des classes dites possédantes et ont suffisamment de biens pour vivre pendant plusieurs années à l’étranger, le temps que la situation politique se stabilise, avec la mort de Robespierre, puis l’Empire. Un certain nombre ne reviendra jamais, et le métro de Londres, par exemple, sera construit par un descendant d’immigré français.
Plus près de nous, la politique fiscale initiée par François Mitterrand, poursuivie par ses successeurs et reprise de plus belle par François Hollande, a entraîné en dix ans 20 000 fortunes à l’étranger, environ 100 000 exilés fiscaux et plus de 200 000 jeunes depuis 2008, sans oublier des retraités qui cherchent un meilleur niveau de vie et dépensent à l’étranger leur pension. L’hémorragie des talents se poursuit. Notre nation perd son sang, sa vitalité, sa jeunesse, son futur et le nerf de la guerre, un capital estimé à 300 milliards d’euros, avec ses rentrées fiscales estimées entre 20 et 40 milliards d’euros. C’est compter sans l’énergie de tous ces Français qui créent des emplois dans les pays qui les accueillent.
Et c’est un leurre de croire qu’ils reviendront. Aucune garantie fiscale n’a jamais été donnée dans notre pays. Chaque gouvernement s’ingénie à détricoter ce qu’a fait son prédécesseur, puisque tout n’est qu’idéologie et militantisme pour nos politiques. Pourtant, quelques règles simples pourraient changer les choses. Une garantie d’un impôt non confiscatoire ayant valeur constitutionnelle et protectrice pour ceux qui décideraient de revenir. Une réelle simplification dans l’administration des sociétés, notamment les PME et TPE, en allégeant le droit du travail. Il faut redonner de la confiance plutôt que d’accuser en permanence, et stopper cette hémorragie de nos richesses.
Sommes-nous condamnés, comme Sisyphe, à pousser le même rocher sans cesse, à voir fuir nos concitoyens depuis plusieurs siècles ? Et notre jeunesse, notre bien le plus précieux, le laisserons-nous filer sans réagir ? Certes, d’aucuns nous diront que l’immigration compense la perte de ces Français en étant une chance pour notre pays. Le résultat parle de lui-même. Trappes n’est pas Londres et Vaulx-en-Velin n’est pas Genève.
Gerbert Rambaud
Président départemental DLR du Rhône