« Comment voulez-vous gouverner un Pays où il existe 258 variétés de fromage » constatait déjà le Général de Gaulle. Cette difficulté est d’autant plus grande lorsque la réforme est mal préparée et consiste à faire la poche de ceux qui travaillent dur pour satisfaire des clientèles électorales et des lobbys en tout genre.
Comme l’a souligné à de nombreuses reprises Debout la France, le candidat à la Présidentielle Emmanuel Macron avait promis de corriger les inégalités que les Français ne supportent plus. Hélas, ils découvrent une réforme des retraites qui multiplie les injustices, en particulier pour les professions libérales qui vont se faire piller alors qu’elles ont bien géré leur système depuis des décennies !
Notaire retraité depuis plusieurs années, je ne suis pas concerné, du moins directement, par la réforme des retraites, mais n’en suis pas moins solidaire de mes Confrères en exercice et de mes compatriotes en général.
Avec d’autres professionnels libéraux comme les avocats, les médecins, les infirmiers et tant d’autres, les notaires se sont regroupés dans un collectif : SOS Retraites.
La Caisse de retraite des Notaires, de même que celles des autres professions libérales, est opposée au projet fou du gouvernement de retraite qui, sous prétexte de tout uniformiser, veut mutualiser les dettes des uns en faisant la poche des autres ! C’est donc bien naturel que les professions libérales revendiquent une adaptation économique liée à la spécificité de l’exercice de leurs métiers.
Mettre sur le même plan secteur public, secteur privé et professions libérales est une ineptie quand on pense notamment à la durée effective des heures travaillées entre ses différentes professions, les libéraux n’étant pas nécessairement aux 35h, loin s’en faut !
Par ailleurs la gestion rigoureuse des Caisses durant de très nombreuses années a permis à celles-ci la constitution de solides réserves et il est hors de question de sacrifier les fruits d’une très bonne gestion pour renflouer les erreurs des gouvernements précédents !
Pire encore, le Gouvernement préconise « d’encadrer l’assiette de cotisation du régime universel de retraite entre 3 et 4 plafonds de la sécurité sociale, soit une fourchette allant de 120 000 à 160 000 euros. »
Maître Béatrice Creneau Jabaud Présidente de la Caisse de Retraite des Notaires a rappelé « en matière de retraite, l’universalité ne doit pas signifier unicité ou uniformité ». En effet, un régime universel et juste n’a rien à voir avec un régime uniforme et aveugle comme le souhaite Emmanuel Macron ! En mélangeant toutes les professions sans tenir compte des réalités du travail, le gouvernement va tout simplement doubler les cotisations du secteur libéral, baisser les pensions et piller les réserves. Comment tolérer cette triple peine ?
Si ce scénario était retenu, il impliquerait une disparition directe des régimes complémentaires des professionnels libéraux.
Dans un article précédent (« défendons les notaires ») j’avais eu l’occasion de critiquer la réforme d’installation des notaires dans laquelle ni la Chambre des Notaires ni le Conseil Régional n’étaient plus consultés ; tout se passant à la chancellerie désormais.
Une fois encore, le gouvernement prétend consulter mais n’obéit qu’aux clientèles qui ont permis à Emmanuel Macron d’obtenir le pouvoir.
François Kohn
Délégué national aux activités socio-professionnelles