Il est courant d’entendre “manger français c’est mieux, mais ça coûte plus cher, et tout le monde ne peut pas se le permettre, certains sont condamnés à acheter des produits importés moins chers” – et souvent moins bons d’ailleurs ! –
C’est FAUX macro économiquement, si l’Etat joue aussi le jeu.
La production de produits français est plus chère : salaires souvent plus élevés, prélèvements sociaux également, sans parler des multiples normes, notamment environnementales. Donc les produits français sont souvent plus chers…
Mais si nous achetons français, nous faisons vivre un agriculteur français, au lieu d’avoir à indemniser un chômeur. Cet agriculteur paie ses impôts en France, paie la TVA en France, consomme en France, donc fait lui aussi vivre des entreprises françaises, etc… contrairement à un agriculteur étranger : ce sont donc aussi des rentrées d’argent pour l’Etat.
Et de plus cela minimise les émissions dues au transport : quelle aberration d’aller chercher du lait en Nouvelle-Zélande ou de la viande en Amérique Latine !
L’Etat doit donc “jouer le jeu” : si nous acceptons de payer plus chers des produits français, meilleurs donc générant aussi moins de dépenses de santé car “la santé est dans l’assiette”, l’Etat n’aura pas à soutenir par des primes les agriculteurs qui vendent désormais plus cher “au juste prix”, à l’abri de la concurrence étrangère souvent déloyale. L’Etat doit donc moins prélever sur les Français puisqu’il n’a plus à soutenir artificiellement les agriculteurs qui vivent de la juste rémunération de leur travail plutôt que d’aides.
Par exemple nous donnons environ 25 milliards d’euros à l’UE, qui nous en rend 15, dont 9 pour la PAC (Politique Agricole Commune). L’UE nous coûte donc 10 milliards nets par an, et ça ne cesse hélas d’augmenter.
Imaginons que l’Etat français dise à l’UE : “je verse 9 milliards de moins à l’UE, en échange l’UE ne verse plus ces 9 milliards de la PAC aux paysans. L’Etat dispose donc désormais de ces 9 milliards pour aider les Français à payer plus chers leurs produits alimentaires, soit 130 euros par Français, 520 euros pour une famille de 4 personnes. Et ce n’est qu’un exemple, il y a d’autres aides à supprimer en échange d’une juste rémunération des agriculteurs par une hausse des prix, et d’une baisse des prélèvements sur les contribuables. Cette baisse peut notamment cibler les produits essentiels par la baisse ou la suppression de la TVA sur ces produits. Elle peut aussi aider les achats locaux des écoles, hôpitaux, administrations… auprès des agriculteurs français.
Lors de la campagne législative de 2022, nous avons été conviés, tous candidats confondus dans notre circonscription, à une rencontre d’agriculteurs dans une ferme au nord de Metz. A la question “quelle serait la première mesure à prendre pour sauver l’agriculture”, ma réponse a été : “appliquons la loi française qui interdit de vendre à perte, industriels et commerçants n’ont pas le droit de vendre à perte, il est inadmissible que les paysans soient les seuls à qui on puisse imposer cette vente à perte “.
Et enfin les agriculteurs entretiennent aussi les paysages, élément essentiel dans notre belle France pour la qualité de vie des Français, mais aussi pour le tourisme si important dans notre balance des paiements !
A l’heure où nous déplorons la fin de notre indépendance énergétique pour l’électricité, où nous déplorons la fin de notre indépendance médicamenteuse, évitons d’y ajouter la fin de notre indépendance alimentaire, qui nous fragiliserait encore plus !
Il est préférable de payer directement les produits agricoles plus chers aux producteurs, plutôt que de prélever des impôts pour soutenir des prix insuffisamment rémunérateurs.
Faisons nôtre la devise de la Coordination Rurale : ” des prix, pas des primes ! “.
Et, à l’image de l’exception culturelle qui a par exemple sauvé le cinéma français, revendiquons l’exception agri culturelle, sortons l’agriculture du libre-échangisme débridé, laissons les agriculteurs gagner dignement leur vie par leur travail, et mangeons mieux et local.
Non ça ne coûte pas plus cher de consommer français… A condition que l’Etat joue le jeu !