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Pour le candidat en Île-de-France de Debout la France, le gouvernement se cache derrière l’émotion suscitée par les attentats du 13 novembre pour éviter les véritables questions, et l’opposition se contente de se livrer à une surenchère sécuritaire.
Atlantico : Vous dites que la séance de questions à l’Assemblée nationale ce mardi après-midi a été “pathétique”. Pourquoi ?
Nicolas Dupont-Aignant : Tout à fait. J’ai vu un premier ministre surjouer l’émotion, toujours dans la parole et jamais dans la décision. J’ai vu une opposition se livrer à de la surenchère sécuritaire, sans pour autant élever le débat.
Nous n’avons pas abordé les vraies questions, que ce soit en matière d’efficacité dans l’application des lois et de garantie de notre sécurité, ou de vision de la société et de cohésion nationale. Les téléspectateurs ont dû être effarés de la médiocrité des interventions et de la réponse du gouvernement, et du premier ministre notamment. Il n’a donné aucune précision à ses réponses.
A quel sujet, plus précisément ?
Sur le sort des djihadistes de retour de Syrie, notamment, question posée par Laurent Wauquiez. Le gouvernement finasse en nous renvoyant toujours à des questions juridiques. Or je croyais que l’état d’urgence devait nous permettre d’agir. De surcroît, l’article 16 de la Constitution nous permettrait de le faire. Le gouvernement ne manifeste pas la volonté de vraiment mettre en œuvre le principe de précaution.
La surenchère sécuritaire à laquelle nous assistons ne serait donc qu’une posture ?
J’ai l’impression qu’une course-poursuite s’est engagée pour parler de mesures sans jamais se poser la question de leur application immédiate. L’enjeu n’est pas de multiplier les annonces mais de tout de suite assigner à résidence, d’incarcérer les gens dangereux. Face à cette demande que je soutiens, le gouvernement “noie le poisson”. De l’autre côté l’opposition surenchérit sans jamais poser les questions fondamentales et précises, à l’exception de celle de M. Wauquiez qui était pertinente, c’est-à-dire l’arrestation préventive des djihadistes, qui sont des bombes humaines sur notre sol. Au-delà de cela, on ne parle pas assez de l’islam radicalisé, qui n’est pas assez maîtrisé dans notre pays.
François Hollande et le gouvernement focalisent sur la dimension externe du conflit, en insistant sur l’Etat islamique en Syrie et dans une certaine mesure belge. Ne faudrait-il pas aussi s’attaquer à la dimension nationale du problème, dans la mesure où les jihadistes sont des produits 100% made in France ?
J’ai relevé trois impasses dans le discours du président :
- Il ne veut pas reconnaître l’urgence d’un retour aux frontières nationales, préférant se maintenir dans l’illusion des frontières européennes.
- Il n’a pas prévu d’abroger les lois Taubira et Dati, qui ont désarmé l’Etat face à la délinquance.
- L’impasse est totale sur le fanatisme islamique, qui a pris racine dans nos banlieues. Le président et le gouvernement agissent comme si cela n’existait pas. Des mesures sont à prendre, pourtant. Il faudrait notamment couper les financements extérieurs. J’avais proposé d’interdire les financements par l’étranger et de mettre en place un fonds national de financement des cultes alimenté par des taxes d’abattage et contrôlé par l’Etat et les chefs des différentes religions. Le gouvernement n’a pas non plus exigé que les prêches soient dits en français, il n’a pas parlé des imams radicaux qui devraient être expulsés, ni des mosquées salafistes qui devraient être fermées. Il n’a pas parlé de la loi sur le niqab qui n’est pas respectée…
Ce faisant, il place les Français musulmans qui pratiquent leur foi dans la quiétude, dans une situation invivable. C’est cette politique de l’autruche du gouvernement qui crée l’amalgame et nuit aux musulmans, qui, comme la majorité des Français, sont indignés par les attentats. J’observe une incapacité à poser des mots sur les choses. Le président a laissé de côté la question de l’islamisme.
La France doit-elle s’en saisir ? Vous qui êtes candidat en Île-de-France où il y a beaucoup de musulmans, que vous disent ces derniers sur ces questions ?
Ils me disent ce que me disent tous les Français : quand l’Etat va-t-il faire le ménage ? Car ce sont eux qui souffrent en premier de l’amalgame. Ils se demandent pourquoi ils devraient subir la pression d’imams fanatiques, et pourquoi ces derniers ne sont pas expulsés. Cela fait des années que des responsables religieux, comme le recteur de la mosquée de Paris demandent l’expulsion d’imams qui prêchent la haine. Ils attendent comme tous les Français un geste fort de la part de l’Etat. Mais rien n’est fait.
François Hollande compte sur son électorat musulman. Avec sa politique, commet-il une erreur ?
Je ne crois pas aux électorats communautarisés. Il faut selon moi se méfier de cette vision. Je vois une jeunesse de toutes origines, de toutes religions, qui manquent de sens. J’ai proposé le service national pour filles et garçons pour une durée de six mois, qui serait l’occasion d’apprendre à défendre la nation, à connaître les repères collectifs, et à détecter la très faible, mais bien réelle minorité qui existe. Nous avons besoin d’élever la nation, et nous ne le ferons qu’en prenant les mesures de sécurité essentielles mais aussi en ressoudant la jeunesse et en lui faisant vivre une expérience commune. En mettant en place ce service militaire, beaucoup se rendront compte qu’il existe une jeunesse issue des quartiers qui est extraordinaire et très patriote. Cela contribuera également à éviter les amalgames. C’est urgent.
Propos recueillis par Gilles Boutin