Dans un éditorial paru dans Le Point, Franz-Olivier Giesbert a livré une attaque en règle contre tous ceux, de plus en plus nombreux, qui ne se reconnaissent plus dans une Union européenne qui a défiguré l'espérance européenne.
Lire d'éditorial de Franz-Olivier Giesbert "Sous le règne de la sornette"
Mais qu'est-ce que le souverainisme, qui s'oppose au fiasco de l'intégration fédéraliste européenne ? C'est tout simplement la démocratie, la liberté du peuple érigée en principe fondamental de notre vie collective. C'est la possibilité pour les citoyens, à égalité de pouvoir par leur vote, de décider de l'avenir commun, d'expérimenter des solutions nouvelles et d'en changer si les résultats ne sont pas au rendez-vous, de demander des comptes à leurs dirigeants et de les sanctionner dans les urnes lorsqu'ils ne tiennent pas leurs promesses. Tout le contraire de ce à quoi l'Union européenne nous a habitués depuis une vingtaine d'années…
Mais le souverainisme, qui est adossé à la Nation, seul espace de démocratie empiriquement avéré depuis la Révolution française, ce n'est pas seulement cela : c'est aussi, par la défense souple, intelligente et réactive de l'intérêt national, la seule voie efficace pour permettre à nos pays de tirer le mieux possible leur épingle du jeu de la mondialisation sauvage. Oui, tous les pays du monde parmi ceux qui s'en sortent le mieux, à l'exception de ceux de l'UE, sont "souverainistes", animés par la défense de leurs intérêts nationaux bien compris et parfaitement assumés. Grands ou petits, les vainqueurs de la mondialisation sont ceux-là. Et jusqu'en Europe, où plusieurs nations, comme le Danemark, la Suède ou la Grande-Bretagne, ont refusé le choix de l'intégration monétaire ou frontalière…
Fantasmes malintentionnés
Mais, une fois cela posé, il faut aussitôt dissiper certains fantasmes malintentionnés : non, bien sûr, les nations souveraines ne sont pas condamnées à se claquemurer dans des frontières hermétiques au monde, à devenir la Corée du Nord. Non, les nations libres et développées ont vocation à nouer entre elles des coopérations volontaristes et fécondes, à unir leurs efforts ponctuellement tout en restant elles-mêmes. C'est ce qu'elles faisaient d'ailleurs avant Maastricht. Par exemple, avec Airbus, qui est la démonstration emblématique de ce à quoi peut parvenir l'Europe des nations souveraines que, pour ma part, je préconise. Ce sont ces projets qu'il faut bâtir au sein de l'Europe que je prône, dans les multiples secteurs (lutte contre le cancer, robotique, espace…) qui détermineront l'avenir de nos nations.
Fédéralisme condamné par les faits, ou promesse d'un avenir enfin meilleur grâce au souverainisme en Europe : tel est le débat que les élections du 25 mai devraient susciter. Et si ce n'est pas pour cette fois, alors que tous les Franz-Olivier Gisbert se rassurent : ce sera en 2019 ou 2024, tant l'impasse où leur système nous maintient le conduira fatalement à sa propre perte. "La folie, c'est se comporter de la même manière et s'attendre à un résultat différent." (Albert Einstein)