Nicolas Dupont-Aignan est président de Debout la République (DLR), maire d'Yerres (Essonne) depuis 1995 et député depuis 1997. Il a été candidat à l'élection présidentielle de 2012.
Dimanche 25 janvier, l'issue du scrutin en Grèce a eu l'effet d'un tremblement de terre à travers l'Europe. Le peuple grec souvent culpabilisé à tort a voté contre la politique de rigueur et antisociale, que nos dirigeants promettaient pourtant vertueuse. Plan d'austérité après plan d'austérité, plan de sauvetage après plan de sauvetage, l'acharnement inédit pour conserver illusoirement la Grèce dans l'UE et la zone euro a conduit à un échec total.
La politique austéritaire dictée par Bruxelles et cautionnée par les gouvernements successifs est aujourd'hui responsable de la chute du PIB grec de 25%, de l'explosion de la dette publique à hauteur de 175%, du torpillage de l'économie réelle avec la disparition de 30% des entreprises, et du sacrifice d'une génération entière avec un niveau de chômage dépassant les 25%. La perspective d'avenir qu'elle offre aux générations futures se résume par le chômage d'un jeune sur deux. L'austérité a amplifié une crise sans précédent au prix de l'anéantissement d'un modèle social et d'une démocratie.
Le FMI a reconnu ses erreurs, l'Allemagne commence à avouer à demi-mot l'impossibilité pour la Grèce de sortir de la crise tout en restant dans le cadre européen actuel. Ce fiasco intégral est la voie qu'empruntent peu à peu l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la France…
Le vote historique d'hier a accordé une très forte majorité relative au parti de la gauche alternative Syriza. Par-delà les clivages fossilisés, l'alliance de bon sens de Syriza avec des mouvements patriotes de droite modérée comme les grecs indépendants menés par Panos Kammenos auquel Debout La France est allié, permettra la formation d'une majorité absolue. Certes Syriza incarne une option qui diffère du projet que nous portons à Debout La France. Mais peut-on reprocher à un peuple qu'on abat de choisir un mouvement, qu'il soit de gauche ou de droite, qui souhaite redonner à son pays la maitrise de son destin et promouvoir le retour à une économie libérée du carcan austéritaire?
Il est temps de se concentrer sur l'enjeu essentiel: relancer au plus vite la machine économique broyée par l'austérité. Parce que le budget et la monnaie ne doivent plus incarner des contraintes mais bien des instruments au service de l'économie réelle, la Grèce doit reprendre en main les leviers qui garantiront son redressement.
C'est alors par la création de richesses qu'elle renouera avec la croissance. La baisse des impôts, l'étalement des remboursements de la dette et son allègement permettront de sortir du cercle vicieux de l'austérité qui oppresse l'économie et ses contribuables qui n'ont pas à payer pour les erreurs de leurs dirigeants. Par ailleurs, la Grèce devra très certainement mettre fin à la monnaie unique surévaluée et anti-compétitive qui étouffe son économie. A l'instar du dollar qui se décline en plusieurs monnaies selon les pays (dollar canadien, dollar australien, dollar américain…), l'Europe redeviendra compétitive une fois que chacun de ses États sera doté de sa propre monnaie.
L'euro-drachme, l'euro-franc, l'euro-mark seront alors ajustées aux besoins de leurs économies respectives tout en respectant des marges de fluctuations garantissant la stabilité économique et monétaire en Europe. Parce qu'un cadre politico-économique homogène ne peut exister en Europe du fait de la pluralité des pays et de leurs économies, il convient de mettre en place un projet européen rationnel constitué de coopérations technologiques, scientifiques, industrielles concrètes auxquelles participeront librement les États qui le souhaiteront.
La France ne retrouvera le chemin de la croissance qu'une fois libérée du boulet économique que constitue l'euro dans sa forme actuelle.
L'enjeu primordial pour la Grèce est de réussir cette alternative au nom de l'intérêt national. Comme en Grèce, nous devons prendre conscience qu'une autre politique est possible, mais qu'elle exige le rassemblement de tous les Français. Il est démagogique de laisser croire qu'une relance économique est réalisable dans le cadre européen actuel.
La France ne retrouvera le chemin de la croissance qu'une fois libérée du boulet économique que constitue l'euro dans sa forme actuelle. En 2009 Syriza était au même niveau que Debout la France, aujourd'hui (entre 4 et 5% des voix), preuve s'il en était besoin que nous pouvons demain incarner l'alternative qui rendra enfin aux Français les moyens de maitriser leur destin. Le dogme selon lequel la France et l'Europe sont condamnées à dépérir s'est effondré dimanche en Grèce. Les patriotes grecs redonnent l'espoir de survie à la démocratie en France et en Europe, nous ne pouvons que les encourager à surmonter les épreuves qui les attendent.