Dans un entretien accordé à Libération le 18 décembre, le ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon a confirmé le prochain rétablissement d’une « carte scolaire rigide ».
La carte scolaire fut créée en 1963, époque du baby boom et de la démocratisation de l’enseignement secondaire, pour permettre à l’Etat de réguler les flux d’élèves dans un souci louable d’égalité sociale et territoriale. Elle ne laissait théoriquement aucun libre choix aux familles. Cependant, le système fut dévoyé au fil du temps par ceux qui avaient des relations ou des moyens (fausse domiciliation chez un parent, voire achat d’un logement dans la zone d’affectation souhaitée, choix d’une option rare,…). A partir de 1980, des assouplissements de la carte scolaire eurent lieu. Lors de la campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy promit même de la supprimer. S’il recula finalement lorsque plusieurs voix s’élevèrent dont celles de l’Inspection générale de l’Education nationale et de la Cour des comptes pour dénoncer les risques d’une atteinte au principe républicain d’égalité et de ghettoïsation, il l’assouplit comme elle ne l’avait jamais été.
Une enquête menée par le Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN) et un rapport sénatorial de juin dernier, proposent un premier bilan de la mesure et soulignent l’un comme l’autre que cette liberté a provoqué un écart croissant entre les établissements. La première ajoute toutefois qu’un retour à une stricte sectorisation serait dangereux alors que nombre de nos quartiers sont menacés par le communautarisme et le repliement sur eux-mêmes.
A Debout la République, nous sommes très attachés à la mixité des jeunes Français de toutes origines sociales et de toutes provenances géographiques au sein de l’école républicaine et nous dénonçons tous les ghettos. Cependant, nous refusons les approches idéologiques, les mensonges et la démagogie. Rigidifier la carte scolaire aboutira à l’effet inverse de celui souhaité. L’hétérogénéité scolaire défendue par le ministre (« Il n’est pas mauvais d’être dans une classe à plusieurs niveaux » affirme-t-il) est un leurre du pédagogisme qui dessert la majorité des élèves. Nous proposons pour notre part le maintien de la carte scolaire et refusons sa remise en cause par une approche libérale dont les méfaits sont visibles dans plusieurs pays anglo-saxons, mais nous souhaitons son réaménagement. Les familles doivent pouvoir émettre des vœux sur l’affectation de leurs enfants selon un système du type des APB (admissions post-bacs), l’Etat doit garder la main et une commission paritaire doit pouvoir vérifier que tout se passe dans l’équité et la transparence. Telle est la voie d’une véritable méritocratie républicaine qui contribuera à l’assimilation et à la cohésion nationale.
Eric Anceau
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national à l'Assimilation et à la Cohésion nationale