Aux régionales, vous avez fait autant que les Verts ou le Front de gauche. Qui sont vos électeurs ?
Des gens de partout : beaucoup de centristes qui ont voté Bayrou ; des gaullistes qui étaient avec Séguin, Pasqua ; pas mal de sarkozystes ; des élus du FN et beaucoup de gens qui n’ont pas d’engagement. Jamais l’électorat n’a été aussi volatil. Jamais une élection n’a été aussi ouverte.
Qu’ont ces personnes en commun ?
C’est très simple : elles ne supportent plus l’impuissance publique des socialistes et des républicains, mais elles ne veulent pas confier la France au Front national. Elles veulent de l’honnêteté et du bon sens. Ce sont des patriotes modérés, des gaullistes sociaux et républicains. Ce que je suis !
Entre Marine Le Pen, qui veut se rendre fréquentable, et François Fillon, qui promet la rupture, existe-t-il un espace pour vous ?
Oui ! La rupture de François Fillon sera une austérité totalement contre-productive qui va augmenter les impôts sans réduire les déficits. Ça ne va pas créer un emploi ! L’image construite pendant la primaire, par comparaison avec Sarkozy et Juppé, est en train de s’effilocher parce que les Français voient la réalité du programme. Ils commencent à comprendre que François Fillon a gouverné pendant vingt ans et que les recettes qu’il s’apprête à mettre en œuvre sont les mêmes que celles de ses prédécesseurs, en plus dur ! Quant à Le Pen, les Français protestent avec le Front national mais ne lui font pas confiance pour gouverner. Le projet que je porte peut créer une surprise.
N’auriez-vous pas été plus visible dans la primaire ?
Visible pour ne pas pouvoir être présent au premier tour ? L’influence de l’intérieur est inefficace. À quoi ça sert d’être visible si c’est pour être enterré vivant par des gens qui vont continuer la même politique, la hausse de la TVA, la fin des heures supplémentaires, à la baisse des pensions ? Ils ne changeront jamais. La preuve, François Fillon est allé à Bruxelles rencontrer M. Juncker qui est l’homme qui a institutionnalisé le dumping social et fiscal. Plus j’aurai de voix, plus le système changera.
À combien estimez-vous votre poids dans l’opinion ?
Aux élections régionales, là où je suis candidat, je fais 6,5 % des voix en Ile-de-France, sur 11 millions d’habitants. Tous les sondages disent qu’on est dans les 5 %. Et on a un potentiel de 21 % des Français qui disent qu’ils peuvent voter pour moi. Mais si les Français ne votent pas pour leurs convictions, rien ne changera jamais. On a perdu un million d’emplois sous Sarkozy, un autre million sous Hollande. Si on repart pour cinq ans d’immigration non contrôlée, de travailleurs détachés, de délocalisations, d’insécurité, dans quel état on va arriver ?
Vous proposez quoi ?
Je veux baisser les impôts pour relancer l’activité.
En passant par du déficit !
L’Angleterre de Cameron a créé des millions d’emplois et réduit les déficits par une baisse de recette fiscale permettant de relancer l’activité. Je ne suis pas pour accroître les déficits, mais la solution Fillon n’a pas marché en Grèce, en Espagne, en France. Si vous n’avez pas de commandes, de consommation, vous pouvez baisser toutes les charges, l’entreprise fait quand même faillite ! À la différence des socialistes, je veux baisser les charges des PME, mais en ciblant exclusivement les PME qui investissent en France. Et parallèlement, je veux renforcer le pouvoir d’achat, notamment des retraités, en récupérant les 8 milliards que l’on donne à Bruxelles.
Nous donnons, mais nous recevons !
Nous donnons 21 milliards et nous recevons 13.
En réalité, c’est une sortie de l’Europe ?
Non. On contribuera toujours. Mais je trouve inadmissible que l’on donne 8 milliards d’impôts des Français pour subventionner nos concurrents qui accueillent nos entreprises délocalisées, nous envoient des travailleurs qui ne paient pas de charges sociales et mettent en faillite nos artisans. Comme Margaret Thatcher, je veux my money back. Ainsi je donnerai 100 € par mois à six millions de retraités. Cet argent va être réinvesti dans l’économie locale, parce que les petits retraités qui ont 500 ou 700 € par mois, ils ne vont pas acheter étranger, ils vont consommer dans le commerce local. Je veux bien une Europe, mais pas une Europe qui nous pompe notre argent.
Quelle Europe ?
Je veux que l’on crée des projets européens : lutte contre le cancer, aide à l’Afrique pour éviter l’immigration, panneau solaire et voiture propre du futur… Faisons de l’Europe une organisation de coopération autour de projets. Et permettons à la France d’être libre de relancer son économie.
Que faites-vous de l’euro ? Comme Marine Le Pen, on en sort ?
Ne courrons pas tous les lièvres à la fois. Récupérons nos huit milliards. Relançons l’activité. Créons des coopérations à la carte. Réaménageons l’euro pour qu’il soit moins cher, plus flexible, plus adapté à chaque économie. J’ai évolué : je pense qu’il faut faire par étape.
Pour concrétiser vos idées, pensez-vous avoir des députés en juin ?
Tout dépendra du score à la présidentielle. Mais nous aurons des candidats partout pour dire : relance du pouvoir d’achat, soutien aux PME qui investissent, haut débit numérique partout, liberté des communes de se marier comme elles veulent, rétablissement de l’ordre public, renégociation des traités.