Chacun se rappelle que le gouvernement socialiste a supprimé la bourse au mérite, cette aide qui soutenait financièrement les élèves ayant obtenu une mention « Très Bien » au baccalauréat et les meilleurs étudiants issus des milieux modestes. Nous avions été les premiers à dénoncer cette mesure annoncée en plein cœur de l’été avec l’espoir qu’elle ferait moins de bruit, et à soutenir le collectif « Touche pas à ma bourse, je la mérite » qui soulignait à juste titre combien cette bourse, du reste modeste, était précieuse pour aider ces jeunes méritants à poursuivre leurs études supérieures dans de meilleures conditions. Elle leur permettait, par exemple, de ne pas avoir à exercer parallèlement une activité salariée trop lourde ou de ne pas contracter un emprunt – par ailleurs difficile à obtenir – pour payer une partie du loyer de leur studio ou de leur chambre universitaire, de leurs livres et de leurs fournitures.
Najat Vallaud-Belkacem n’est pas responsable de la décision initiale, car elle n’était pas encore ministre de l’Education nationale au moment où elle a été adoptée. Elle a fait bien pire depuis. Experte ès langue de bois, elle a défendu la mesure avec le plus grand cynisme en déclarant par exemple qu’il fallait répartir la somme sur tous les élèves (soit quelques centimes d’euros pour chacun) au nom d’un égalitarisme qui confine à l’idéologie. Quel message envoyé aux jeunes qui essaient de s’élever socialement par l’effort !
Elle a fait pire depuis en se mettant hors-la-loi. En effet, à la mi-octobre, le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative de notre pays, a ordonné en référé à l’Etat de payer. Nous avions immédiatement exprimé notre satisfaction, tout en appelant à la vigilance. Bien nous en a pris. Cela fait plus de deux mois que la décision a été rendue et Najat Vallaud-Belkacem et ses services n’ont pas bougé le moindre petit doigt, laissant étudiants et parents dans l'incertitude alors que l’arrêt en référé est une procédure d’urgence. Les juges ont estimé, en effet, qu’au regard de la situation matérielle des étudiants, chaque semaine comptait. Rappelée à l’ordre par Me Henri de Beauregard, l’avocat des plaignants, la ministre fait encore la sourde oreille, enfermée dans sa citadelle de Grenelle, comme Sophie Coignard, la journaliste du Point, vient de l’indiquer sur son blog. Najat Vallaud-Belkacem préfère affirmer dans les médias, contre toute évidence, qu’elle prend le problème des inégalités scolaires « à bras le corps » et annoncer des états généraux de l’évaluation destinés à savoir s'il faut noter les élèves avec des chiffres, des lettres ou des pastilles de couleur, « docte » rassemblement dont chacun mesurera l’utilité, mais dont il y a fort à parier qu’il coûtera beaucoup plus cher que les malheureuses bourses au mérite !
Me Henri de Beauregard menace désormais la ministre d’un « référé provision » en janvier si elle continue de refuser de se conformer à la décision du Conseil d’Etat. Debout la France soutient évidemment cette action, mais ose espérer que Najat Vallaud-Belkacem profitera de la trêve des confiseurs pour revenir provisoirement à la raison et ne pas ajouter à un ensemble de décisions lamentables, un énième rebondissement qui abîmera un peu plus l’image de l’État.
Eric Anceau, responsable du projet de Debout la France et délégué à la Cohésion nationale et à l’Assimilation