Voilà presque deux mois que le scandale Cahuzac a éclaté au grand jour. Ce coup de semonce a changé le regard sur l'évasion fiscale. Chaque année, la fraude fiscale couterait près de 60 milliards d'euros aux recettes de l'Etat. Face à ça le gouvernement a fait des annonces et a promis qu'il allait enfin prendre le problème à bras-le-corps.
Pourtant 2 mois après rien n'a été fait. On a même la désagréable impression que les annonces de moralisation de François Hollande n'étaient là que pour amuser la galerie. A cause de ce manque de courage politique, la France est une fois encore à la traine. Ce weekend, l'annonce par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l'Australie du lancement d'une vaste enquête internationale après la réception par leurs administrations fiscales de milliers de fichiers informatiques sur des comptes secrets dans des paradis fiscaux est la preuve d'une réelle volonté politique dans ces pays. A ce propos, M. Moscovici a osé parlé d'un "pas de géant" dans la lutte contre l'évasion fiscale alors que la France reste scotchée sur place. Car il est bien là le problème, le gouvernement français ne semble pas vouloir changer la donne.
Membres de la Commission des Affaires étrangères, Alain Bocquet, député communiste du Nord, et moi-même préparons depuis plusieurs mois un rapport sur les paradis fiscaux. Chaque semaine nous auditionnons à huis-clos des experts, des juges, des banquiers, des douaniers,des organisations internationales luttant contre la fraude fiscale… Depuis dimanche nous sommes en Suisse pour poursuivre nos investigations. Aujourd'hui les banques de ce pays s’inclinent devant les Etats-Unis qui ont engagé un rapport de force pour mettre fin au secret bancaire. Cette volonté politique américaine commence déjà à porter ses fruits. A l'inverse les banques helvétiques ne se sentent nullement menacées par la France qui se réfugie derrière le processus de négociation de l'UE pour ne pas prendre de décisions et fuir le rapport de force avec les banques suisses.
MM. Moscovici et Cazeneuve ne bougent pas le petit doigt. Je pose donc la question : Qui protègent-ils ? Qu'ont-ils peur de découvrir ? Près de 2 mois après l'affaire Cahuzac, il est temps pour eux de rendre des comptes. S'ils ne veulent pas agir, François Hollande doit annoncer jeudi lors de sa conférence de presse leur remplacement immédiat.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République