Claude Bartolone estimait -ce matin sur i-télé – que la France «se sortait bien» de l'affaire des Mistral, tout en admettant qu'il ne connaissait pas dans le détail le montant des divers dédommagements que Paris devra verser, notamment à Moscou.
M. Bartolone, à tout hasard, parlait sans savoir.
Apprenons donc au candidat socialiste à la présidence de la régIon Ile-de-France ce que la non-livraison des deux navires coûtera à notre pays. Pas seulement les 896 millions d'euros correspondant à l'avance perçue par la France. Le total cumulé des dépenses entraînées par l'annulation du contrat signé il y a quatre ans s'élèvera environ à deux milliards d'euros, comme le révélait Le Canard enchaîné dans son numéro paru aujourd'hui.
En effet, la Russie exige à bon droit une compensation pour la formation de 400 hommes d'équipage, les aménagements réalisés dans ce qui devait être le port d'attache des Mistral, l'adaptation de 32 hélicoprères d'attaque aux spécificités des bâtiments, soit environ 100 millions.
L'Etat français devra également prendre à sa charge le manque à gagner des chantiers de la DCNS, soit 350 millions et la réadaptation, non encore chiffrée, des Mistral à leur nouvelle destination, en cas de vente à un pays tiers. La restitution à la Russie des équipements électroniques déjà installés et leur remplacement sont d'ores et déjà évalués à un minimum de 200 millions. Il faut également tenir compte des tansferts de technologie, inclus dans le contrat d'origine, à la marine russe. Enfin, les frais de gardiennage, d'assurance et d'entretien des deux navires toujours à quai à Saint-Nazaire s'élèvent à 5 millions d'euros par mois.
La France, dans cette affaire, n'a pas seulement perdu un contrat important, et subi les conséquences financières et techniques de cette annulation. A ce préjudice matériel s'ajoute la perte de crédibilité, incalculable, que constitue por notre pays le manquement à la parole donnée sous la pression insistante d'organisations internationales – l'OTAN – et d'une grande puissance à prétention hégémonique – les Etats-Unis. Sommes-nous encore libres de nos décisions, de notre diplomatie, de notre politique? Les atermoiements, puis le reniement du gouvernement français portent une atteinte de plus aux intérêts, à l'image et au prestige de notre pays.
Si M. Bartolone, qui s'est fait en la circonstance un porte-parole bien maladroit de notre gouvernement, croit pouvoir dire que nous nous en sortons bien, c'est qu'il n'est pas plus attaché que la majorité provisoire dont il fait partie aux intérêts, à la dignité et à la souveraineté de la France.
Nicolas Dupont-Aignan