La loi dite de “modernisation” du système de santé qui sera votée cette semaine à l’Assemblée est le modèle même de ce qui reste aux gouvernants ; un écran de fumée.
On nous parle de prévention. Elle va se réduire à la répression des vaporettes, aux paquets de cigarette anonymisés, à l’interdiction de fumer en voiture en présence des enfants.
Dans le même temps, alors que l’enfance doit être le coeur de toute politique préventive, la médecine scolaire est ravagée, les pédiatres disparaissent. Dans les dépenses de santé d’un montant de 180 milliards, la prévention individuelle et collective stagne à 5 milliards. Pendant ce temps, une partie des français renoncent aux soins de base, en particulier sur le plan dentaire et oculaire, parce qu’en dépit des discours , la politique des dépassements d’honoraires et du reste à charge des familles bat son plein.
On nous parle de proximité. Mais la mise en œuvre des maisons médicales pluridisciplinaires se fait au compte-goutte : 260 depuis 2012, soit moins de trois par départements.
Tout indique que la lutte contre les “déserts médicaux” doit être une lutte contre les déserts démographiques, la destruction du monde agricole, la disparition des services publics. Toute la politique gouvernementale va dans l’autre sens.
Reste le sommet de l’hypocrisie, la généralisation du tiers-payant.. Non seulement on va rendre la vie quotidienne des médecins impossible, mais on veut faire croire aux français “qu’ils ne payeront plus”. En réalité, ils payent individuellement leur santé, et de plus en plus. La dette sociale est passée de 1996 à 2015 de 20 à 130 milliards. La réforme hospitalière, qui a dépossédé les soignants des responsabilités pour les confier aux “gestionnaires “ est un échec. La part des mutuelles, financement individuel de la santé et non pas financement solidaire, et du reste à charge des familles est passée de 2005 à 2012 de 17% à 22%. Sous couvert d’égalité sociale factice, les gouvernements successifs n’ont plus qu’un modèle à nous offrir: le modèle de financement individuel à l’américaine, ont chacun se soigne en fonction de ses revenus.
Redonner vie à l’économie française en restaurant les recettes de l’Assurance-Maladie, faire le ménage dans la gabegie des médicaments, remettre les professionnels au centre du système par la revalorisation majeure des honoraires conventionnés, et permettre ainsi la modernisation du système et sa débureaucratisation, l’inversion de cap est possible.
Mais pas avec la politique d’austérité économique, budgétaire, de nivellement par le bas voulue à Bruxelles comme à Paris.
François MORVAN
Vice-Président de DLF
Délégué National à la Santé