L'année dernière le gouvernement Fillon avait bloqué le prix du gaz. Cette mesure populaire s'avère être, un an plus tard, un tour de passe-passe. En effet la décision rendue hier par le Conseil d'Etat annule, comme c'était à prévoir, l'arrêté pris par l'ancien Premier ministre. Et les Français risquent d'en payer le prix fort puisque la hausse rétroactive pourrait être de 10%.
Ce mois-ci le gouvernement Ayrault a lui aussi pris une décision analogue à son prédécesseur puisque le gouvernement a décidé de limiter l'augmentation du gaz à l'inflation. Il ne faut pas être devin pour comprendre que les mêmes causes auront les mêmes effets. Dans un an, le Conseil d'Etat rendra un avis similaire et le gouvernement sera forcé d'appliquer une nouvelle hausse.
Décidément les gouvernements passent et l'impuissance publique demeure. Je parle d'impuissance mais c'est pour éviter d'employer des mots plus durs. En effet est-il nécessaire de rappeler que l’État est le principal actionnaire de GDF Suez ? Or sans la saisine par GDF Suez du Conseil d'Etat, il n'y aurait pas eu de décision rendue et donc de hausse. Les gouvernements successifs ont beau jeu de protéger le pouvoir d'achat des Français si c'est pour dans le même temps autoriser une entreprise à capital public attaquer leur décision en justice. Ce double jeu n'est plus supportable.
On peut donc se demander qui dirige la France : M. Mestrallet, le PDG de GDF Suez ou M. Ayrault ?
Pour ma part je demande au gouvernement de prendre ses responsabilités. Qu'il ne se pas cache pas derrière le bilan de ses prédécesseurs ou des décisions de justice ! Les socialistes n'ont pas été élus pour jouer au poker menteur avec les Français. Si vraiment M. Ayrault veut alléger la facture de gaz des Français et protéger leur pouvoir d'achat, voici 3 décisions prioritaires :
– reprendre le pouvoir sur la direction de GDF Suez : soit M. Mestrallet obéit, soit il démissionne.
– revoir la règle de calcul pour les prix réglementés. Il est impensable que les prix soient alignés en majorité sur les prix du fioul lourd et que le prix du gaz naturel ne compte que pour 10% dans la règle de calcul.
– faire du marché de l'énergie un marché d'exception. La libération du marché du gaz devait faire baisser la facture des Français mais l'inverse s'est produit. GDF Suez est
devenu un monopole privé où les bénéfices sur le dos des consommateurs français ont servi à des acquisitions hasardeuses à l'étranger. La priorité est donc de refaire de GDF Suez une entreprise 100% publique.
Si M. Ayrault veut vraiment défendre l'intérêt général et donc le pouvoir d'achat des Français, voilà 3 décisions courageuses qu'il lui faut prendre. Ou alors il peut continuer à jouer au poker menteur comme ses prédécesseurs. Mai pas sûr que les Français jouent très longtemps…
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l'Essonne
Président de Debout la République