La lutte contre les violences à l’école devrait être une cause nationale.
Qu’elle soit verbale ou physique, elle peut laisser une marque indélébile dans l’esprit d’un enfant et nuire à sa scolarité.
De plus, la violence prend de nouvelles formes avec le cyberharcèlement.
Ce phénomène, qui prend de l’ampleur, ne s’arrête plus à la grille de l’établissement scolaire et les conséquences psychologiques et sociales pour l’enfant concerné en deviennent désastreuses.
Les chiffres sont effrayants : un élève sur dix se dit victime de harcèlement et en moyenne 442 incidents graves sont à relever chaque jour dans les établissements scolaires.
Alors que l’école devrait être un sanctuaire, des enfants et adolescents se retrouvent confrontés à de véritables délinquants qui font la loi dans la cour, et sont stigmatisés et discriminés pour leur apparence physique, leur orientation sexuelle, leurs croyances…
Comment accepter que les enfants de confession juive fuient les établissements publics de Seine Saint-Denis ?
Comment accepter que 75% des homosexuels aient mal vécu leurs années collège d’après une enquête menée par l’association « Lutte Contre les Discriminations » ?
Comment accepter que le racisme banalisé prenne de l’ampleur dans les établissements de banlieue, où certains élèves se voient qualifiés, très jeunes, de surnoms faisant référence à leur couleur de peau ?
Ce silence assourdissant face à la montée de l’antisémitisme, de l’homophobie, du racisme, y compris du racisme anti-blanc, traduit une lâcheté collective autour de ces questions.
Les professeurs témoins sont bien souvent incapables de répondre à ces problèmes, leur autorité se dégradant d’années en années, et ceux qui osent dénoncer l’inacceptable sont trop souvent abandonnés par une hiérarchie qui achète la paix sociale.
Enfin, on ne peut compter sur les personnalités politiques, car la majorité des élus, par pur électoralisme et manque de courage, relativisent le problème.
Comment traiter ce sujet sans évoquer les violences à l’encontre des adultes présents au sein des établissements ?
Loin d’être épargnés, ils subissent insultes et agressions physiques, comme on a pu le voir en octobre dernier, lorsque deux lycéens ont giflé leur enseignante et que la vidéo a été postée sur les réseaux sociaux, ou même plus récemment, à Marseille, où une élève de 5e a agressé une enseignante qui lui avait confisqué son portable.
Abandonnés par l’État, parfois également par le chef d’établissement, les enseignants se retrouvent vite désarmés et dépassés par la spirale infernale de la violence, d’autant plus qu’elle est endémique aux lieux qui concentrent déjà des difficultés. Les trafics de drogue, qui sévissent à proximité de certains lycées, nourrissent cette violence, de plus en plus banalisée, tolérée, acceptée.
L’urgence est là. L’Éducation Nationale a trop longtemps fermé les yeux sur le sujet.
Le ministère manque de fermeté et ne traite pas les racines du mal pour lutter efficacement contre les violences à l’école.
Celle-ci doit préparer les citoyens de demain à la vie en société et leur apprendre les règles à respecter pour la cohésion sociale.
Quel avenir promettons-nous aux élèves si ces règles sont déjà bafouées au sein même de l’école ?
Comment convaincre un élève agresseur de ne pas récidiver si les sanctions ne sont pas elles-mêmes dissuasives ?
Et surtout, comment assurer la transmission des savoirs dans ces conditions, lorsque des élèves et des enseignants se rendent à l’établissement avec la boule au ventre, craignant un nouveau débordement ?
Pour remédier au problème, il faudrait d’abord mobiliser toute la société derrière un objectif : préserver l’école, temple du savoir et de la formation des citoyens, de toute forme de violence, et y promouvoir davantage la fraternité, valeur républicaine essentielle.
Communauté éducative, élèves, parents, État, seront des acteurs incontournables de ce grand plan visant à répondre collectivement à un fait de violence.
Les campagnes organisées chaque année contre le harcèlement vont dans le bon sens mais elles ne sont pas suffisantes.
Il faut inciter les enseignants à organiser des débats sur le sujet, pour que les élèves puissent l’identifier et savoir comment agir si besoin.
A Debout La France, nous proposons évidemment l’exclusion des élèves coupables de harcèlement, mais il faut pour cela simplifier les procédures afin de ne pas décourager les chefs d’établissement à le faire.
De plus, il faut instaurer une tolérance zéro face aux incivilités scolaires, en mobilisant toute l’échelle des sanctions prévues.
Enfin, l’État doit assurer la protection des personnels dans l’exercice de leur métier. Le débat n’a que trop duré. Contre les violences à l’école, agissons, enfin !
Michel COLAS, délégué national, chargé des « Amicales professionnelles DLF
Anne-Sophie FRIGOUT, professeur, responsable de l ‘Amicale DLF «Éducation Nationale »