L'union bancaire, faussement présentée comme un grand pas en avant par les mêmes apprentis sorciers responsables du désastre de l'Euro est une victoire par KO d’Angela Merkel sur François Hollande. Cette nouvelle usine à gaz ne met aucun frein aux périls financiers et bancaires qui menacent l’économie européenne tout en renforçant l’emprise de l'Allemagne sur celle-ci.
Cet accord désigne la Banque Centrale Européenne (BCE) comme l'instance de régulation des grandes banques de la zone euro. Toutes les banques? Non! Car les banques régionales allemandes dont Berlin veut garder la supervision sont totalement épargnées. Ces banques régionales allemandes, qui financent en grande partie l'industrie nationale, passent en effet sous l'écran radar du contrôle de Francfort. Étrange construction européenne celle qui ignore la principale force économique du continent !
La France et les autres pays de l'Union se voient donc imposer des règles communes largement décidées par Berlin et la bureaucratie de la BCE sans l'argent des Allemands. Quelle belle victoire pour la France et l'Europe!
Selon cet accord, les pertes des banques seront d’abord imposées aux actionnaires, puis aux créanciers, et en dernier recours aux déposants, au-delà de 100 000 euros. Ensuite, pourront être sollicités des fonds nationaux de résolution, financés par les banques et enfin des ressources soit nationales, soit européennes. Un fond de 55 milliards sera monté d'ici 2025 par des prélèvements sur les banques, somme totalement ridicule au regard de la crise de la 2008. Après 2025, le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) pourrait être mobilisé, mais les conditions sont encore très floues.
Cette usine à gaz préserve les intérêts bien compris de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Finlande qui voulaient absolument éviter toute aide versée par leurs contribuables. En clair, les pays créanciers voulaient revenir sur le MES qui permettait d’utiliser l’argent pour les banques de tous les pays. Avec ce nouveau mécanisme, il devient peu probable que les contribuables allemands puissent être mis à contribution pour le sauvetage d’une banque étrangère. Non seulement Angela Merkel a réussi à éviter d'engager davantage son pays mais elle est parvenue à faire reculer ses propres engagements antérieurs !
Désormais le sort qu'a connu Chypre pèse comme une épée de Damoclès sur tout le continent. Tout dépôt bancaire devient une proie potentielle pour combler les erreurs commises par les banques qui les détiennent.
La logique de l'euro trouve son parfait achèvement. La monnaie unique avait déjà pillé les industries du Sud et de la France au profit du Nord et de l'Allemagne. Désormais, c'est toute la finance du continent qui suit les règles d’Angela Merkel.
Il y a donc un grand vainqueur dans cette négociation sur l’union bancaire européenne : l'Allemagne. Berlin a réussi à bien mieux se protéger que cela avait été fait au moment du MES. L’Allemagne dicte ses conditions et la France subit une totale défaite.
Nicolas DUPONT-AIGNAN
Député de l’Essonne
Président de Debout la République