I L'alerte
Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a dénoncé ce lundi 25 août le "nettoyage ethnique et religieux" commis par les jihadistes de l'État islamique (EI ou califat) en Irak. Elle appelé la communauté inter-nationale à ne pas laisser ces crimes impunis : "De graves et horribles violations des droits de l'homme sont commises chaque jour par l'État islamique en Irak et au Levant et des groupes armés associés. Ils ciblent systématiquement les hommes, les femmes et les enfants en fonction de leur appartenance ethnique, religieuse ou communautaire, et mènent impitoyablement un nettoyage eth-nique et religieux dans les régions sous leur contrôle. De telles persécutions pourraient constituer des crimes contre l'humanité. J'exhorte la communauté internationale à s'assurer que les auteurs de ces crimes odieux ne restent pas impunis", a déclaré Navi Pillay, dans un communiqué officiel.
Il s’agit donc bien d’un «nettoyage ethnique» comme l’histoire récente en a donné d’horribles exemples en Europe, en Afrique, en Asie, en Orient.
Selon Navi Pillay, les Chrétiens, les Yazidis, les Shabaks, les Turcomans, les Kaka'e et les Sabéens figurent parmi ceux qui sont "directement ciblés". Outre le netto-yage ethnique, Navi Pillay dénonce d’autres crimes comme des conversions forcées, des enlèvements, des sévices sexuels (et on sait que certains textes anciens les autorisent sur des enfants), l'esclavage, la destruction de sites religieux ou culturels importants, et le siège de communautés entières en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse. Le Haut-commissaire de l'ONU indique, en particulier, avoir reçu des informations faisant état de centaines de personnes, essentiellement des Yazidis, tuées et de plus de 2 500 autres enlevées début août dans la province de Ninive, qui ont été emmenées dans différents lieux à Tal Afar et Mossoul pour être ensuite converties de force à la religion musulmane. "Selon des témoins, les hommes qui ont refusé de se convertir ont été exécutés, tandis que les femmes et leurs enfants ont été réduits en esclavage (…) ou menacés d'être vendus", a expliqué le Haut-Commissariat.
Mme Navi Pillay dénonce aussi le meurtre et l'enlèvement de "centaines de Yazi-dis" le 15 août dans le village irakien de Kocho. De plus "les habitants d'un certain nombre de villages à Sinjar, qui restent assiégés par l'EI (Califat) et des grou-pes armés complices, sont en grave danger". "Des membres du personnel de l'ONU en Irak ont reçu des appels téléphoniques des civils assiégés qui vivent dans des conditions épouvantables, avec peu ou pas d'accès à de l'aide humanitaire"
Toujours selon l'ONU, au moins 13 000 membres, dont 10 000 femmes et enfants, de la communauté des Turcomans chiites à Amirli, dans la province de Salah al-Din, sont assiégés par les jihadistes et des groupes armés depuis le 15 juin. "Il y a des craintes quant à un massacre imminent", alerte le Haut-Commissaire.
Par ailleurs, d'après des déplacés interrogés par l'ONU, l'EI (Califat) recrute des en-fants dès 15 ans et envoie ces garçons en première ligne lors des combats pour les utiliser comme des "boucliers humains". L'ONU a par ailleurs pu vérifier le massacre de détenus de la prison de Badoush, à Mossoul. Au moins 670 prisonniers y ont été tués en fonction de leur appartenance religieuse. L'Irak est plongé dans le chaos depuis le début, le 9 juin, d'une offensive d'insurgés sunnites, reliés aux rebelles de Syrie, menée par les jihadistes de l'EI sous les ordres du « Calife Ibrahim ».
II Le devoir de la France
Cependant que l’on commémore, à perte de vue, le début de la Grande Guerre et les crimes de guerres allemands, puis la fin de la seconde guerre mondiale et les atroces crimes contre l’humanité qui l’accompagnèrent au nom d’un idéologie monstrueuse, les leçons et la morale de l’histoire nous commandent d’agir en Irak : immédiatement. Un retard, alors que le gouvernement aidait les rebelles en Syrie depuis des mois, serait une complicité morale avec une autre idéologie monstrueuse et génocidaire à l’œuvre en Irak. Or la France n’agit pas. Quelques tonnes de vivres il y a déjà 15 jours et la promesse de fournir des armes aux Kurdes.
1 M. Hollande et M. Valls n’ont pas –n’ont plus – le droit de taire plus long-temps ce qui est effectivement fait en Irak pour empêcher le génocide et les horreurs en cours. Il faut armer non seulement les Kurdes mais aussi les autres communautés pour qu’elles puissent assurer leur légitime défense. Et sans doute opérer des frappes aériennes quant on connaît des risques précis de massacre génocidaire.
Il y a non assistance à peuples, femmes, enfants en danger de massacre, de viol et d’esclavage. MM.Hollande et Valls en seraient moralement responsables si, alors qu’il leur est possible d’agir, ils ne le faisaient pas.
2 Le gouvernement doit renforcer l’appareil répressif (y compris par l’institution de crimes et délits spécifiques) contre quiconque participe, incite, aide ou approuve le jihad, et ce qu’il implique par des propos et des comportements.
3 Le gouvernement doit faire des annonces solennelles et des mises en garde répétées, contre l’idéologie jihadiste et affirmer sans cesse, à l’école, dans les médias, les raisons de son action et les sanctions qui l’accompagnent.
4 C’est donc, en définitive, toute la politique étrangère de la France depuis des décennies, qui devra être repensée pour retrouver, enfin un jour, son indépendance et pour cela la cohérence morale, historique, intellectuelle, géostratégique, diplo-matique et militaire qui lui fait tant défaut
Henri Temple
Membre du Bureau national de DLR
Délégué national à l'Indépendance de la France
