Cette loi RIST , portée par la députée Renaissance Stéphanie Rist , médecin rhumatologue, adoptée en première lecture par l’Assemblée Nationale le 19 Janvier , puis par le Sénat le 14 Février 2023 , est sensée être une Loi d’ « amélioration de l’accès aux soins » .
Mais ce texte ne passe pas du tout et entraîne la colère de beaucoup de médecins généralistes ; quatorze syndicats, rejoints par le Conseil de l’Ordre (fait rarissime), se sont mobilisés pour dénoncer le risque de désorganisation des soins, et ont manifesté justement ce 14 février.
Au-delà de la proposition, dans les négociations avec l’Assurance Maladie, d’une hausse de 1,50 euro la consultation de base – de 25 à 26,50- vécue comme une provocation,
Au-delà de cette fameuse ROSP (Rémunération sur Objectifs de Santé Publique ) – oui les médecins ont une carotte quand ils travaillent bien avec des indicateurs de plus en plus stupides et sans aucun intérêt médical ! -avec le forfait-structure classique puis numérique qui valorisera le DMP ( dossier médical partagé ) avec contrôle de l’identité nationale de santé (INS ) des patients : écrire sur MonEspaceSanté est plus valorisé que voir le patient en consultation ! Et maintenant le forfait d’engagement pour accepter de plus en plus de patients et faire des gardes!
Voilà donc maintenant cette Loi RIST, prétendant simplifier l’accès aux soins en permettant l’accès direct aux IPA : Infirmiers de Pratique Avancée, qui pourraient prescrire certains traitements sans passer par le médecin traitant, aux kinésithérapeutes, aux orthophonistes.. De plus, les pharmaciens pourraient renouveler les traitements chroniques pour 3 mois.
Cela répondrait à 2 objectifs selon le gouvernement : lutter contre les déserts médicaux et améliorer la prise en charge des patients par le renforcement de la coopération entre les professionnels de santé.
Plusieurs remarques et questions se posent :
– Ce texte très attendu des professionnels para-médicaux qui valorise leurs compétences (un IPA est un infirmier qui a fait une formation universitaire en plus de 2 ans ) , ne va-t-il pas créer des tensions entre les professionnels de santé ?
– Le médecin généraliste ne va-t-il pas se sentir dévalorisé, lui a qui on a rajouté une année d’étude supplémentaire faisant passer à 10 ans son cursus?
– Le Gouvernement, avec cet empressement à faire passer un texte mal préparé, ne va-t-il pas faire fuir les médecins généralistes, faire partir en retraite prématurée, inciter au déconventionnement, et surtout ne plus attirer les jeunes médecins ? Est-ce le but inavoué ?
– Beaucoup de médecins ne veulent pas de cette médecine ubérisée, dévalorisée, bradée, qui donne l’impression qu’on « accompagne la dégringolade » et que le but ultime est de détruire la médecine de ville, faisant de notre système de santé une médecine sans médecins ?
– Le médecin ne doit-il pas rester celui qui examine le patient, qui pose le diagnostic ? qui définit une stratégie thérapeutique ? et d’éventuels examens complémentaires ? peut-on traiter sans diagnostic ? sans envisager un diagnostic différentiel ? quid de la relation patient-malade ? avec un risque de perte de chance ?
– Quid des résultats ? sans accompagnement médical
– Quid du secret médical ? qui serait partagé à l’initiative de la Caisse d’Assurance maladie, bien mis à mal déjà depuis la crise Covid.
– Quid de l’indépendance médicale ? de la sécurité des données ?
– Et surtout, les médecins lancent une alerte : le problème juridique de la responsabilité qui semble ne pas avoir été vraiment étudié et qui inquiète nombre de médecins en ces temps où on porte plainte très facilement ; nous sommes plusieurs à avoir posé la question à notre responsabilité juridique qui ne sait quoi répondre.
– Quid aussi de l’éventuel conflit d’intérêt de Stéphanie RIST, avec son mari Grégoire RIST, qui dirige un Institut de Formation ….d’IPA !! ..il faut impérativement se poser la question.
Peut-être que les soignants suspendus sont des lanceurs d’alerte, pas seulement sur la gestion de crise sanitaire, mais sur ce chamboulement total que la médecine vit actuellement avec cette fuite en avant, avec comme seul logiciel : l’argent.
La situation est dramatique dans notre 6ème puissance mondiale où les gens meurent dans les couloirs des urgences, où les patients désespérés rappellent leur médecin suspendu pour se soigner en confiance, où il n’y a plus de médicaments pour soigner nos enfants, pendant que le COVARS veut « investir massivement dans une capacité nationale de production des vaccins ARN dans un enjeu de souveraineté sanitaire » ! Surtout ne pas tomber malade …
A Debout La France, nous avons une toute autre vision de la santé et de la médecine.
Retrouver nos propositions : https://www.debout-la-france.fr/projet/sante/
Véronique ROGEZ
Vice-Présidente
Déléguée Nationale à la Santé