Le naming est l’un des symptômes le plus éclatants de la maladie du football business, qui est en train de transformer un sport populaire en un banal divertissement au service de l’image de certaines grandes entreprises.
Et pour cause, l’argent qui a envahi le monde du football professionnel français à la suite de l’arrêt Bosman (1996) a rapidement dénaturé la culture populaire des clubs, leurs traditions, la stabilité des équipes, le lien entre les joueurs et supporteurs. D’ailleurs, quels clubs se soucient aujourd’hui des “vrais” supporteurs ? On a plutôt l’impression qu’il les traitent en simples clients, au mieux, en hooligans en pire. .
C’est ainsi que nos stades, jadis véritables enceintes de communion populaire, ont été transformés en objets de consommation changeant de nom au fil des stratégies des grands groupes. Bordeaux est passé du “Stade Chaban Delmas” au “Stade Matmut Atlantique” tandis que Nice est passé du “Stade du Ray” à l’”Allianz riviera”. Aujourd’hui, on peut craindre le pire pour le mythique Parc des Princes, alors que des négociations en vue de son rachat par le Qatar aurait été entamées avec la ville de Paris. Souvenons-nous que les nouveaux propriétaire du PSG n’ont pas hésité – dans un outrage grossier à la symbolique et à l’histoire du club – à supprimer de l’écusson du club le traditionnel berceau royal, symbole de Saint-Germain-en-Laye, ville de naissance de Louis XIV.
Dans le domaine, le summum du pathétique vient d’être atteint puisque la Ligue de Football Professionnel a vendu le nom du championnat de deuxième division à la franchise américaine Domino’s Pizza pour … 4 saisons. Il faudra désormais dire : “Ligue 2 Domino’s Pizza”. Pire, on peut lire dans le communiqué de la Ligue que “la pizza est le plat indissociable d’une soirée football réussie”. Quel aveu ! Pour les patrons du football professionnel en France, le foot doit donc se vivre… devant sa télé. Pas étonnant que le calendrier de Ligue 2 fasse la part belle aux matchs en semaine qui compliquent la vie des supporters de terrain qui réclament plutôt des matchs le week-end pour avoir le temps de préparer leurs animations en tribune. Priorité aux télés, aux annonceurs et désormais … aux pizzas !
Un club, c’est avant-tout une histoire, des cris de joie et des larmes de peine, des moments intenses vécus entre amis ou en famille. En dehors de toute conviction politique ou religieuse. Le football, c’est des couleurs, des chants,des écharpes. Des moments de partage.
Aujourd’hui pourtant, la plupart des clubs et la Ligue préfèrent satisfaire des impératifs financiers de court terme plutôt que de construire des partenariats sur le modèle espagnol par exemple, plus efficaces à long terme. il suffit d’ailleurs de constater l’incapacité du PSG – avec sa quirielle de fausses stars – à dépasser les quarts de finales de la Champions League pour s’en convaincre. Là où Zlatan échoue à coup de millions devant un public de sages consommateurs, l’Atletico Madrid enchaîne les exploits grâce à des supporters en fusion et malgré un budget inférieur de près de 300 millions à celui du PSG !
En attendant le départ des Qataris ou une prise de conscience à la tête de la Ligue, la médiocrité des clubs français sur la scène européenne fera au moins un heureux : Domino’s pizza. Moins de monde dans les stades, c’est plus de spectateurs devant la télé. Moins de sport donc, mais plus de pizzas.
Nicolas Dupont-Aignan
Député de l’Essonne
Président de Debout la France
Damien Lempereur
Délégué national de Debout la France